Exister par défaut ou se battre pour ses droits ?


Exister par défaut
ou se battre pour ses droits ?


Le défense des droits des homosexuel-le-s fait partie intégrale du combat de toutes et de tous pour une société démocratique.

Giselda Fernandes et Eliane Blanc*

La défense des droits des homosexuel-le-s n’est ni une lubie ni une mode. Elle appartient à un domaine dans lequel l’Histoire humaine est écrite par les barbaries qui y sont commises contre les droits humains de millions de personnes. Il s’agit d’un terrain de travail spécifique dans lequel des milliers de personnes dans le monde se sont lancé-e-s pour défendre leurs droits, voire leurs vies et la vie des personnes aimées.


D’ailleurs ces violences se faufilent sous diverses formes: insultes verbales ou agressions physiques, jets de pierres, jusqu’à l’assassinat en passant par le viol – en général collectif – ou l’internement «pour des raisons médicales».


Combien de violences, domestiques, ou à l’école – liées à l’orientation sexuelle – se cachent derrière le suicide des adolescent-e-s, le mobbing, le refus de promotion ou derrière la lettre de congé? Comment l’orientation sexuelle d’une personne peut-elle augmenter chez l’agresseur la haine raciste ou xénophobe ou sexiste et se cacher derrière une «agression gratuite» – regard haineux, attitudes et remarques ironiques, méprisantes/insultantes dans un dialogue?


L’histoire des génocides des peuples indigènes par exemple, peut révéler des grandes surprises dans ses motivations, quand on cherche à en savoir plus sur les cultures des peuples exterminés, comme par exemple les orientations sexuelles assumées.6 Le travail de mémoire à faire est énorme: combien de femmes et d’hommes ont été assasiné-e-s sous couvert de sorcellerie ou «pour des raisons d’Etat» à cause de leur orientation sexuelle ou le soupçon d’une autre orientation sexuelle que celle imposée par la société?7


L’Histoire contemporaine est en train de documenter la liquidation des homosexuel-le-s au moment de la «construction du IIIe Reich».8 Pour les Lesbiennes, l’invisibilité historique qui nous colle à la peau se perpétue aussi dans le domaine de l’«extermination nazie».9


Dans les autres exemples de massacres dont le XXe est si riche, combien d’homosexuel-le-s ont été tué-e-s à cause de leur orientation sexuelle en plus de leur appartenance à un groupe religieux, ethnique, social, considéré comme «ennemi» ou simplement comme celui qu’il faut abattre parce que dérangeant, opposé ou démontrant les failles du système dominant? D’ailleurs, l’Afrique du Sud l’a compris en étant le premier pays à adopter formellement, dans sa nouvelle Constitution, l’interdiction de la discrimination basée sur l’orientation sexuelle, les homosexuel-le-s (surtout les couples bi-ethniques) de ce pays ayant largement participé à la lutte anti-apartheid.

«Les dangers auxquels sont exposé-e-s les défenseur-e-s des droits des lesbiennes et des homosexuels ont été reconnus par Mary Robinson, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, devant l’Assemblée générale des Nations unies, en juin 2000».3


Les Pays-Bas si en avance dans leur législation sur les droits des personnes homosexuelles le sont peut-être aussi parce qu’une des principales personnalités engagées dans la Résistance pendant la Deuxième guerre mondiale était homosexuelle et a été le fondateur, en 1946, de «L’Union pour l’Intégration des Homosexuels», une des premières associations du genre en Europe et dans le monde.


Oui, la route est longue et les responsabilités à assumer sont collectives, pour aboutir à un peu plus de justice et de démocratie dans nos sociétés dites civilisées.



«Nous voulons que soit assurée la primauté des droits humains et des droits collectifs, tels qu’ils sont définis dans les instruments internationaux, sur les accords commerciaux. Ces droits doivent être respectés sans distinction ni exclusion fondée sur le sexe, l’orientation sexuelle, l’âge, l’ethnie, la nationalité, la religion, les convictions politiques ou les conditions économiques(…)»1



«(…nous demandons) l’application des conventions et des mesures permettant d’éliminer toutes les violences faites aux femmes. Il nous faut apporter une attention particulière aux revendications concernant les Lesbiennes, car si la mondialisation est sexiste, elle est particulièrement intraitable face aux personnes homosexuelles»2



«La discrimination fondée sur la préférence sexuelle reste par ailleurs toujours présente dans le monde entier. Les minorités sexuelles voient leurs droits civils et politiques bafoués dans les pays qui leur interdisent de se regrouper pour défendre leurs intérêts. Leurs droits économiques et sociaux sont foulés aux pieds lorsque leurs membres sont, par exemple, victimes de discrimination au travail ou dans l’accès au logement».4



«Frère, soeur : Indigène, ouvrier, fermier, enseignant, étudiant, colon, femme au foyer, chauffeur, pecheur, taxiste, employé de bureau, employé, vendeur ambulant, chômeur, journaliste, indépendant, religieux, homosexuel, lesbienne, transexuel, artiste, intellectuel, militant, activiste, marin, soldat, sportif, législateur, burocrate, homme, femme, enfant, jeune, vieux.»5



* Relais genevois de l’Organisation Suisse des Lesbiennes (LOS)




  1. Déclaration finale du 2e Sommet des Peuples des Amériques le 23 avril 2001 à Québec
  2. Construire les voies d’un autre monde, Résolution finale du Sommet Alternatif Juin 2000 Marche mondiale des Femmes
  3. La torture et l’identité sexuelle – La discrimination, un terrain propice à la torture – Rapport Amnesty International – 2000, sur la Torture
  4. Rapport mondial sur le développement humain 2000: Droits de l’homme et développement humain, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) p.33
  5. Ouverture des Paroles de l’Armée zapatiste de libération nationale transmises par le sous-commandant Marcos, le 11 mars 2001
  6. The Sacred Hoop de Paula Gunn Allen, Beacon Press, Boston, 1992
  7. L’œuvre au noir de Marguerite Yourcenar
  8. Out on the shelves www.homodok.nl Contents
  9. Lesbians an Holocaust de Amy Elman ILGA 1999