Tapis Rose-Vert pour le WEF à l'Hôtel-de-Ville


Tapis rose-vert pour le WEF
à l’Hôtel-de-Ville


Comme l’explique Josep Maria Antentas dans son article (en page 15), le World Economic Forum est
désespérément à la recherchere de légitimation cosmétiques après un exercice Bunker-2001 à Davos,
catastrophique pour son image…

Pierre Vanek

A Genève, le WEF a marqué un point à la veille déjà de la manifestation de Davos, grâce à nombre d’élu-e-s socialistes ou verts qui ont refusé de voter la motion, initiée par le soussigné, en faveur du retrait du Canton de la fondation du WEF, ceci au nom du vieux truc constitué par le refus de la «politique de la chaise vide». Le WEF …c’est comme le FMI il faut y être pour faire entendre «notre» position expliquait ce soir là doctement le député du PS Charles Beer.


Quand le vide fait le plein


En matière de «chaise vide», on pourrait rappeler que nous nous y connaissons puisqu’au moment où le tout-Genève se pressait à la «Table ronde» organisée par le Conseil d’Etat pour élaborer son programme d’austérité antisocial, ayant abouti au projet constitutionnel dit du «paquet ficelé» soumis en décembre 1998 au vote, le siège de l’ADG était – en effet – resté désespérément et volontairement vide. Or nous avons pourtant – comme chacun sait – réussi assez convenablement à faire entendre notre position à l’époque, puisque nous avons été suivi dans notre non-entrée en matière par près des deux-tiers des votant-e-s genevois. Quoiqu’il en soit, l’attitude conciliante et de «dialogue» avec le WEF de certains socialistes ou verts, répond évidemment aux voeux les plus chers de ce club des multinationales et à l’«ouverture» de celui-ci à la «société civile» avec laquelle il essaye désespérément de tromper le monde quant à sa vraie nature.


Schwab pousse son avantage


S’engouffrant – naturellement – dans ce défaut dans la cuirasse de l’opposition Klaus Schwab a cherché, avec succès, à pousser son avantage en invitant les membres du bureau du parlement genevois et les chefs de groupes parlementaires du Grand Conseil à se rendre en pèlerinage à Cologny pour «une discussion sur la stratégie du forum et nos efforts pour faire de notre Réunion Annuelle de Davos une place de dialogue qui intègre l’économie, la politique, la science et la société civile.» Notre groupe parlementaire ADG a – évidemment et immédiatement – décidé qu’il n’était pas question de se prêter à cet exercice de relations publiques du WEF. A contrario, tous les autres partis PS et Verts compris, à l’unisson de la droite du parlement, n’ont pas su résister au chant des sirènes néolibérales.


Un accueil favorable


Sous la plume d’Elisabeth Reusse Decrey, présidente socialiste du Grand Conseil, Schwab s’est donc vu communiquer que «Le bureau du Grand Conseil accueille favorablement la proposition de rencontre de Monsieur le Président Schwab et l’en remercie.»


Pour le surplus, Schwab et son acolyte (en l’occurrence l’ex-conseiller d’Etat PDC Guy Fontanet) ont été invités à déballer leur salades à l’Hôtel-de-Ville même et se sont vus proposer un ordre du jour plus étoffé encore, en six points, dont la question, par exemple des «avantages et inconvénients pour une collectivité publique (…) d’être membre du WEF», étant entendu que cet ordre du jour était non exhaustif et que le bureau était «bien sûr ouvert» à d’autres thèmes proposés par le WEF. Cette rencontre a eu lieu le 3 mai, mais à ce jour aucun rapport n’a été rendu, ni à l’opinion publique, ni même au Grand Conseil sur le contenu des «débats» qui s’y sont tenus.


Un tour de passe-passe


La présidente du Grand Conseil a, en outre, jugé de bonne politique d’escamoter arbitrairement notre position, en évoquant le fait que l’ADG n’aurait «pas souhaité participer» à cette séance. Or, notre propos n’était évidemment pas celui-là: il consistait à affirmer que cette rencontre honteuse n’aurait jamais dû avoir lieu! Celles et ceux qui se sont prêtés, avec complaisance, à ce petit jeu du WEF perdent toute légitimité à se présenter de manière crédible comme opposants à la mondialisation capitaliste et néolibérale. C’est aussi dans la politique au quotidien, y compris au parlement, qu’il faut être capable d’un minimum de cohérence, même quand on accède à de soi-disant «hautes fonctions» comme celles du bureau du Grand Conseil…