Hôpital neuchâtelois: ça craque de toutes parts

Hôpital neuchâtelois: ça craque de toutes parts

L’évolution de la
politique de santé dans le canton de Neuchâtel est un
choix politique décidé et assumé par une alliance
du Parti socialiste et de la droite de l’échiquier
politique. Initiée sous la houlette de Monika Dusong, alors
conseillère d’Etat socialiste, la création
d’une entreprise indépendante regroupant tous les
établissements de soins du canton a abouti aujourd’hui
à Hôpital neuchâtelois (HNE) et à sa
politique d’économies et de rationnement.

Soumis en votation en 2005, ce projet, porté par le PS et la
droite, avait obtenu un large soutien populaire, car qui pouvait
s’opposer à «un système hospitalier
performant et économique qui améliorera la qualité
et l’efficacité des soins» comme
l’annonçaient fièrement les promoteurs
sociaux-libéraux et néolibéraux de ce projet?

La réalité s’est avérée moins
rose…. et les faits démontrent on ne peut plus clairement que
nous avions raison de contester en référendum cette
dérive vers la privatisation. Aujourd’hui, le
désenchantement est triple:

  • Le personnel hospitalier se voit soumis à une dégradation de ses conditions de travail et aux licenciements.
  • Les usagers-ères expérimentent ce que signifient
    les restrictions budgétaires par les files d’attente, la
    difficulté d’avoir accès au personnel soignant, aux
    diagnostics et aux soins tout court.
  • Les régions se retrouvent dans une foire d’empoigne
    pour savoir qui supportera les conséquences des fermetures et
    des restrictions.

Deux initiatives sont en cours. L’une, portée par un
politicien radical de Neuchâtel, qui demande une seule
maternité dans le canton, mais…. à Neuchâtel.
L’autre, issue de citoyennes et citoyens du Val de Travers, et
que nous soutenons, qui demande l’accès pour tous à
des soins de qualité (urgences, bloc opératoire,
maternité) sur les sites de Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds
et Couvet, les soins aigus nécessitant une infrastructure lourde
étant équitablement répartis sur les sites de
Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds.

La surprise a été une publicité payante
d’une demi-page, dans L’Impartial du 21 mai, émanant
du Parti socialiste des Montagnes neuchâteloises, titrée
«Hôpital neuchâtelois: il faut réagir!».
Cette annonce du PS des Montagnes relève la dégradation
des conditions de travail, les licenciements, la réduction des
prestations, la préparation de futures fermetures… et demande
en conclusion «le rétablissement de liens réels
entre les décisions politiques et la conduite de
l’établissement».

Ce que ne rappelle pas cette annonce, c’est que tout cela est le
pur produit d’une loi défendue bec et ongles par le PS en
2005 et qui prévoit que le Grand Conseil est seulement
informé (il ne discute pas!) des décisions
stratégiques de HNE, le conseil d’administration ayant
tous les pouvoirs, puisqu’il définit la stratégie
et la politique de HNE dans le cadre financier fixé par le
Conseil d’Etat. Le PS a voulu une entreprise indépendante,
qui fonctionne selon la logique du marché et du moindre
coût. Mieux: avec l’appui, et sous la direction du Parti
socialiste, c’est toute la psychiatrie du canton qui est en train
d’être organisée sur le même modèle. A
quand les lamentations socialistes sur la restructuration de la
psychiatrie que seuls solidaritéS, le POP et les Verts ont
combattu au Grand Conseil?

Cette annonce pourrait être prise plus au sérieux si elle
s’accompagnait d’un engagement derrière
l’initiative citoyenne en faveur d’une médecine de
proximité, qui vient d’être lancée en-dehors
des rangs du PS, ou d’une réflexion autocritique sur les
méfaits de la loi aux relents néolibéraux qui
régit tout le système des soins.

Le recul des socialistes lors des élections communales – au
profit du POP – et la perspective des élections cantonales au
printemps 2009 expliquent peut-être cette demi-page de
publicité payante dans la presse locale. Mais que la droite et
tous les adeptes d’un système de santé
restructuré sous la pression des assurances se rassurent: le PS
reste bel et bien de leur côté et ne remet nullement en
cause la loi qui cause tous ces dégâts que le même
parti dénonce comme s’ils tombaient du ciel. 

Marianne Ebel