Contre le G8: Rendez-vous à Gênes, les 19-21 juillet 2001

Contre le G8


Rendez-vous à Gênes, les 19-21 juillet


Du 20 au 22 juillet, les chefs d’Etats du G8, c’est à dire des 7 pays les plus industrialisés du monde plus la Russie, se réuniront pour coordonner leurs choix économiques et politiques, décidant ainsi, malgré nous, du sort du monde. A l’appel du Genova Social Forum, plus de 100’000 manifestant-e-s sont attendus pour leur crier «ASSEZ!»

Appel du Genova Social Forum


Pourquoi sommes-nous contre le G8… Parce que les décisions du G8 concernent non seulement les nations qui le composent, donc nous-mêmes, mais aussi toutes les autres grandes nations de la planète. C’est parce qu’ils sont les plus forts qu’ils peuvent imposer leurs choix. Le résultat en est le monde que nous voyons: toujours plus uniforme et gris, plein de conflits et de tristesse, avec des énormes disparités entre le Nord et le Sud, dangereusement menacé sur le plan environnemental, sans idéal. Parce que le G8 croit en la «pensée néo-libérale» qui plait tant aux multinationales parce qu’il donne la priorité au profit et aux intérêts commerciaux sur le bien-être de tous les êtres humains. Le néo-libéralisme affirme en effet, contre toute évidence, que la croissance économique peut continuer à l’infini et apporter le bien-être à tous, que la politique et les institutions démocratiques ne doivent absolument pas faire obstacle à l’expansion du marché et du commerce, que l’air, l’eau, et les autres biens naturels ne méritent pas tant d’attention, puisque l’on pourrait, par la technologie, trouver remède à tout. Parce que le G8, dans le but de faire croître l’économie, est en train de favoriser la culture de l’image et de la consommation en dépit de valeurs plus profondes qui permettent à une société de ne pas perdre sa cohérence et son identité.


Nous devons changer de route. En tant qu’humanité, notre premier intérêt est de protéger les équilibres naturels, de sauvegarder les biens communs, de garantir la paix et l’équité. Si nous voulons éviter l’écroulement environnemental et social, nous devons changer de route, et cesser de sacrifier l’environnement et les droits humains, sociaux et politique sur l’autel des profits, du commerce et de la croissance productive. Au contraire, nous devons construire une nouvelle économie, qui coexiste avec le droit à la survie de tous, avec le maintien des équilibres naturels de la planète, avec la justice, la qualité de la vie. Rejoins-nous, c’est dans ton intérêt! En juillet, à l’occasion de la réunion du G8, nous serons à Gênes pour rappeler a tous que la politique et l’économie ont pour but de rechercher l’intérêt de tous et non de servir les intérêts des grands groupes économiques.


Le GSF, c’est une coordination d’associations, forces politiques, centres sociaux, syndicats, individus, d’origines et de sensibilités différentes qui entendent protester contre le G8 et les politiques internationales soutenues par les pays riches. Nous adoptons des méthodes non violentes et nous n’avons rien contre les activités économiques humaines, mais justement parce qu’elles sont «humaines», nous les voulons faites dans le respect de l’environnement et de l’homme: la logique du profit et des lois du marché ne sont pas capables tous seuls de faire fonctionner la société.


Nous croyons que d’autres valeurs comme la solidarité, la participation démocratique, la vie sociale, la beauté, la culture doivent être redécouvertes, mises en exergue, et diffusées.


Appel des mouvements italiens


Un nouveau spectre hante l’Europe: c’est l’immigré clandestin, le réfugié, le rescapé, incarnation d’une humanité invisible et sans droits. Toute les puissances de la vieille Europe sont alliées pour le chasser et le refouler, dans une croisade décidée à Schengen entre les travaillistes anglais, les populistes espagnols, les déémocrates italiens et les policiers allemands. Schengen est le succédané d’une politique européenne de l’immigration, c’est un vide d’idées et de propositions encerclé par un cordon sanitaire policier et militaire. La tendance à résoudre de manière policière les problèmes posés par l’immigration n’est pas seulement européenne, mais c’est un des traits marquants des processus actuels de «globalisation». La suppression des barrières à la circulation des marchandises et des capitaux s’accompagne de la multiplication des frontières pour les femmes et les hommes fuyant la misère, la guerre, les tyrannies sociales et politiques: des «frontières externes» de l’Union Européenne jusqu’aux frontières entre les USA et le Mexique, en passant par les nouvelles digues contre la mobilité des femmes et des hommes autour de Hong Kong, au sud de la Chine, aux pays du sud-est asiatique frappés par la crise de 1997.


Le monde qui, depuis 1989 aurait dû progressivement s’unifier sous le signe du «commerce doux» et aujourd’hui de la «nouvelle économie» se présente divisé dans de vieilles et de nouvelles frontières. Frontières externes, en premier lieu. Mais aussi frontières internes aux simples espaces nationaux et régionaux, déterminés par la réémergence tyrannique dans l’Occident capitaliste lui même des processus d’exclusion sociale e t de restriction des droits de citoyenneté. Emblèmes vivants de cette mobilité du travail qui a historiquement imposé au capitalisme sa propre dynamique, les migrants jettent une lumière très significative sur les tendances à la déréglementation et à la flexibilité qui dans les vingt dernières années ont redessiné le profil du marché du travail dans le pays de capitalisme avancé. Celle qui se configure au début comme un choix autonome – la revendication et la pratique du droit de fuir la misère matérielle ou des régimes sociaux et politiques tyranniques – se transforme concrètement en imposition d’un régime de précarité qui trouve dans la condition du clandestin l’illustration la plus efficace et la plus chargée de valeur symbolique.


Stigmatisation sociale et la discrimination caractérisent la vie quotidienne des migrants à l’intérieur de l’Union Européenne, dans les villes où se répandent les rhétoriques et les politiques de la «tolérance zéro», sur les lieux de travail comme dans les camps d’internement forcé pour les migrants en attente d’expulsion qui sont apparus dans toute l’Europe ces dernières années, dans lesquels sont reclus des hommes et des femmes coupables seulement d’avoir la citoyenneté bafouée.


Sortir à découvert, vaincre la peur, lutter publiquement, être reconnus comme sujet politique est d’importance fondamentale pour les immigrés. Le moment est venu d’arriver à la construction d’une grande manifestation internationale à l’échelle européenne et ouverte à la participation de délégations des autres pays du monde, pour la conquête des droits niés.


En juillet 2001 se tiendra à Gênes, en Italie, le sommet du G8. Nous, immigrés, organisations et associations antiracistes et antifascistes de cette ville adressons un appel à tous et toutes les immigré(e)s en Europe pour nous réunir à Gênes, pendant les jours où se tiendra ce sommet, pour manifester, discuter et commencer à construire de nouveaux réseaux de communication au niveau international.


L’exemple de Seattle peut et doit trouver aussi en Europe, une application concrète en particulier au sujet de la lutte contre le racisme, contre l’exclusion sociale et contre la marginalisation, contre les effets de ces politiques néolibérales que chaque sommet du G8 ou du FMI présentent comme la voie d’accès au meilleur des mondes possibles.


C’est une grande bataille que nous avons devant nous. Le sommet du G8 de Gênes pourrait en être un moment important si nous réussissions à donner une visibilité aux milliers de sans-papiers, aux réfugiéés, dans une grande manifestation européenne des immigrés et de leurs associations. Pour combattre la négation des droits, pour le respect des cultures de tous, pour la libre circulation, pour le droit d’asile, pour l’abolition des centres de rétention et pour la régularisation des clandestins, pour le droit de vote, pour le droit d’exister et de lutter pour une société d’hommes égaux avec des droits égaux et des devoirs égaux, libéré du besoin et de la peur.


A l’initiative de: ASSOCIAZIONE CITTA’ APERTA; UNIONE ITALIANA SPORT PER TUTTI (UISP); FEDERAZIONE PROVINCIALE DI GENOVA DEL PARTITO DELLA RIFONDAZIONE COMUNISTA; CENTRO SOCIALE OCCUPATO AUTOGESTITO E.ZAPATA; ASSOCIAZIONE RICREATIVA CULTURALE ITALIANA (ARCI); ASSOCIAZIONE STUDENTI DEL CAMEROUN IN LIGURIA(ASCAL); ASSOCIAZIONE EQUADOREGNA DI SOLIDARIETA’-GENOVA; ASSOCIAZIONE IL GRAPPOLO; ASSOCIAZIONE GRUPPO ARTIGIANI DI GENOVA; ASSOCIAZIONE BENEFICA DI SOLIDARIETA; COL POPOLO PALESTINESE (ABSPP); ASSOCIAZIONE IL CE.STO.; COMUNITA’ DI SAN BENEDETTO AL PORTO; COBAS SCUOLA GENOVA; C.N.C. UNIVERSITARI; ASSOCIAZIONE PALESTINESE; CIRCOLO ARCI MASCHERONA 16; CENTRO ISLAMICO DELLA LIGURIA; ASSOCIAZIONE ITALIA-CUBA(GE); ASSOCIAZIONE DONNE IMMIGRATE LIBERE (ADIL); GRUPPO AUTONOMO STUDENTESCO ‘LA ZANZARA’; CONSORZIO ITALIANO DI SOLIDARIETA’ (ICS); ASSOCIAZIONE MEDIATORI CULTURALI (ASMEC); ASSOCIAZIONE SENEGALESE «MIGLIOR AZIONE»; COORDINAMENTO LIGURE R.S.U.; ROBA DELL’ALTRO MONDO


Inscription et signature du texte: par mail: cittap@freemail.it ou fax: 01 02 54 16 89; tél: 03 48 87 38 182




Manifestation de l’Immigration, vendredi 19 juillet à 17h.


A l’initiative des réseaux antiracistes italiens, soutenue par toutes les organisations, et étendue aux réseaux internationaux intéressés. 15’000 à 18’000 personnes sont attendues. Rendez-vous à la place Principe; dissolution dans la région de la citadelle, près du stade Marassi; suivie d’une fête et d’un meeting public. Cette marche, qui ouvre l’ensemble des manifestations a une grande valeur symbolique parce que les migrant-e-s considèrent le problème de la citoyenneté globale un thème fondamental de réflexion politique. Pendant cette marche, les organisateurs/trices appellent à renoncer à toute forme d’action directe ou de désobéissance civile.



Manifestation Zone Rouge (interdite) samedi 20 juillet après-midi


Le 20 probablement dès la fin de l’après-midi, il s’agit de faire sentir le souffle de notre présence aux global leaders du G8. Chaque composante prépare son intervention dans l’esprit d’une “action directe de désobéissance civile pacifique et non-violente”… Il y a encore des négociations avec la police pour le déroulement de cette journée. La zone rouge étant bloquée, les manifestant-e-s devraient s’installer dans le périmètre immédiat de celle-ci et faire preuve d’imagination…



Manifestation unitaire Dimanche 21 juillet à 16h.


Le parcours de la manifestation du 21 a été négocié avec les autorités. Il passera dans la ville en dehors de la zone rouge. Un accord de tous les mouvements garantit la sécurité totale du cortège et de la manifestation. Plus de 100’000 personnes sont attendues, qui devraient former un cortège de 5 à 10 km, de Corso Europa à via Isonzo, via Felice Cavallotti, corso Italia, corso Torino, corso Sardegna, jusqu’aux environs de la Citadelle, avec un grand concert final au Stade Marassi. Aucune «action directe» ne devrait avoir lieu au moment de cette manifestation. Si elles se déroulent, elles débuteront après la dispersion de la manifestation et, bien entendu,m très loin du lieu de dispersion. Le rassemblement et la construction du cortège devrait se faire vers midi, puisque le début de manif est prévu vers 13 h. ou 14 h.




L’état des négociations avec la police


A l’issue d’une rencontre entre une délégation du GSF et le chef de la police, samedi 30 juin, les points suivants ont été établis:



  1. Il y aura des structures d’accueil pour tous (écoles, gymnases, stades et probablement d’autres lieux);
  2. Le Forum public (GSF) ouvrira ses portes à partir du 15 juillet;
  3. Il sera possible d’arriver à Gênes par l’autoroute toutes les entrées et sorties resteront ouvertes à l’exception de celles de l’aéroport;
  4. La gare de Genova Brignole restera ouverte;
  5. La zone jaune (qui entourait la zone rouge, autorisée aux seuls résidents) est supprimée, vu que les interdictions prévues concernant le libre déroulement de la vie démocratique quotidienne (diffusion de tracts, réunion publique, etc.) ont été retirées;
  6. Les nombreuses limitations concernant la zone ouest de la ville sont maintenues ce qui représente un fait gravement limitatif pour les initiatives d’encerclement décidées pour la journée du 20 juillet;
  7. La manifestation du 21 juillet aura lieu et celle du 19 pourra partir d’une place située dans la soi-disant zone rouge (qui sera effective à partir du 17 juillet); c’est un lieu hautement significatif de la lutte du mouvement des migrants de la ville de Gênes,
  8. A propos des initiatives du 20 juillet, il y aura une discussion avec le préfet, auquel nous avons déjà donné la liste des places à partir desquelles nous avons l’intention de lancer nos actions; ces actions comprenant des tentatives d’outre-passer la zone rouge utilisant la désobéissance civile;
  9. Les frontières ne devraient pas être fermées, même si le chef de la police demandera au gouvernement d’appliquer la clause restrictive permettant le contrôle d’identité aux frontières.



Le G8: un club de rencontre de pays riches


Le groupe des sept pays les plus industrialisés rassemble depuis 1975, les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie et le Canada. Le Président de l’Union européenne est associé aux Sommets. A compter de 1994, la Russie a été invitée aux réunions politiques du Sommet annuel. En juin 1997, le G7 a accueilli officiellement la Russie se transformant en G8, sauf pour les questions économiques et financières.


Ce «Groupe» qui se rencontre annuellement détient le pouvoir dans des institutions comme le FMI et la Banque mondiale, l’OCDE. Son influence s’étend dans le monde entier et oriente les décisions de l’OMC en particulier. A la veille de la ministérielle de Qatar (OMC – Novembre 2001), les «petits arrangements entre amis» revêtent donc une importance particulière. Dirigeant de manière directe ou indirecte toute l’architecture internationale, économique et financière, politique, stratégique, on comprend que les différentes campagnes pour l’annulation de la Dette de manifestations en pétitions, s’acharnent à lui faire prendre des décisions claires. Cependant le secret des discussions est bien gardé et ce qui sort des réunions jusqu’à présent bien décevant.


Les quelques 180 autres pays du monde (les trois-quarts de la population mondiale) n’y ont aucune voix alors que les discussions portent directement sur leur avenir et leur développement. Ce «Festival de la richesse» est aussi une occasion de rencontres entre les chefs de l’exécutif et des intérêts communs bien compris, lieu d’élaboration et de réaffirmation de la «pensée unique». «Notre intérêt» tel qu’exprimé par le G8 devrait donc être à sens unique, celui des grandes entreprises et des multinationales dont l’accès est privilégié, tandis que la société civile dans son ensemble en est exclu. Comme ailleurs, nous y réaffirmerons fermement et pacifiquement notre volonté d’être entendu.