Des Verts qui n’ont pas compté pour des prunes...

Solidarité avec George W. Bush


Des Verts qui n’ont pas compté pour des prunes…


Jeudi 20 septembre le Grand Conseil genevois, en séance, était saisi d’une proposition de résolution urgente concernant les attentats du 11 septembre, rédigée par le chef de groupe libéral, l’avocat d’affaires Michel Halpérin, et signée par une quinzaine de député-e-s de droite, mais aussi par deux verts Antonio Hodgers et leur chef de groupe David Hiler.

Pierre Vanek

Cette brève résolution n’avait recueilli aucune signature de député-e-s de l’Alliance de Gauche – qui n’avaient d’ailleurs pas été sollicités – ni aucune signature d’élu-e-s du PS. Elle comportait deux invites. Par la première, le parlement genevois exprimait «sa sympathie à toutes les personnes que ces attentats ont touchées directement ou indirectement». Par la deuxième, il «s’associait à leurs souffrances et adressait un amical message de solidarité à la population et aux autorités des Etats-Unis d’Amérique».


A un moment où les USA, par la bouche de leur commandeur-en-chef George Bush prêchait une sainte croisade du «bien contre le mal» pour écraser les ennemis de l’Amérique, où les USA mobilisaient leurs réservistes et chauffaient les moteurs de leurs bombardiers, à un moment aussi ou des millions, d’Afghan-e-s fuyaient la menace de frappes américaines dans des conditions sanitaires et alimentaires insupportables, l’expression de l’«amicale solidarité» du parlement genevois avec les autorités américaines, responsables de cet exode, nous a semblé particulièrement indécente.


L’auteur de ces lignes a immédiatement rédigé une contre-proposition, signée par l’ensemble des député-e-s de l’Alliance de Gauche et par deux socialistes, amendant cette résolution sur quatre points:


1. Au début de la première invite, il était rajouté que le Grand Conseil «se solidarise avec les victimes de la terreur aveugle aux Etats-Unis», l’idée étant de renforcer la condamnation des attentats, qui – paradoxalement – était absente, ou seulement implicite, dans la résolution initiale.


2. La deuxième invite était reprise en gardant l’amicale solidarité adressée à la population états-unienne, mais en supprimant la solidarité avec les autorités des USA.


3. Deux invites supplémentaires, à nos yeux indispensables, étaient encore proposées, dont la première reprenait le thème de la manifestation du 30 septembre en «affirmant que pour sortir de la terreur mondialisée et de la spirale de la violence, il faut lutter pour la justice globale, ce qui suppose la reconnaissance universelle du droit à l’alimentation, au logement, aux soins médicaux, à l’éducation et au travail pour toutes et tous, ainsi que le respect des libertés fondamentales et des équilibres écologiques.»


4. Enfin, nous proposions au Grand Conseil qu’il «condamne et refuse de s’associer à toute réaction violente et belliciste dont des populations innocentes payeraient encore une fois le prix.»


Les député-e-s ont eu droit – avant le vote – à une péroraison hypocrite du libéral Halpérin se targuant d’avoir rédigé une résolution «non-politique», s’offusquant du caractère soi-disant «politicien» du «programme politique» constitué par l’énumération d’un certain nombre de droits humains élémentaires, éludant complètement la question pourtant brûlante de la condamnation de la réaction militariste américaine annoncée et déclarant enfin que ce n’était pas «parce que Monsieur Vanek n’aime pas George Bush» qu’on ne pouvait pas se solidariser avec les autorités américaines à un moment où «la Maison blanche elle-même aurait pu être frappée»…


Cette résolution aurait dû «normalement» trouver une majorité au Grand Conseil, avec au moins – outre celles de l’ADG, les voix des socialistes et des verts, signataires de l’appel à la manifestation du 30 septembre pour la justice globale. Or, les amendements proposés, mis au voix un par un, ont été tous rejetés l’un après l’autre, avec l’appoint décisif fourni à la droite par une majorité des verts présents (David Hiler, Anne Briol, Georges Krebs, Anita Frei, Morgane Gauthier…)1, avec la voix aussi du socialiste Jaques-Eric Richard…


Ces député-e-s ont refusé de condamner la «solution» militaire américaine, et ont voté leur «amicale solidarité» à Georges Bush. Ainsi – avec l’abstention complaisante ou indifférente d’un certain nombre de socialistes – notre canton, grâce à ces élu-e-s verts notamment, à fait moralement un pas sur un chemin honteux pavé de victimes civiles innocentes… Il est temps de se ressaisir !



  1. A signaler chez les Verts que ni Fabienne Bugnon, ni Roberto Brogini, ni même Antonio Hodgers, signataire de la résolution initiale, n’ont suivi la majorité de leur groupe.