Fantasmes et contrevérités des patrons genevois


Fantasmes et contrevérités des patrons genevois


A la veille des dernières élections, et sous la plume de Pierre Weiss (lib) et depuis lors député au Grand Conseil, le journal «Entreprise romande» publiait un édito intitulé «L’AdG veut décapiter les hauts fonctionnaires pour paralyser l’Etat».

Bernard Clerc

M. Weiss est bien connu pour être un de ceux qui s’attaque sans cesse à la fonction publique depuis de longues années. Il n’hésite d’ailleurs pas à cracher dans la soupe puisque lui-même a enseigné à l’Université, il est vrai avec un salaire sans commune mesure avec celui de la très grande majorité des employé-e-s de la fonction publique. Qu’est-ce qui pousse donc M. Weiss a prendre en apparence la défense de l’Etat? C’est la dénonciation par les syndicats de cas de mobbing à l’Office cantonal de la statistique (OCSTAT). Sans revenir sur l’entier de cette affaire, rappelons que le Conseil d’Etat a mandaté un juge pour enquêter sur ces cas de harcèlement qui touchent, notamment, l’ancien président du Cartel intersyndical du personnel de l’Etat. Cette enquête conclut que tout va bien dans le meilleur des mondes de l’OCSTAT. Le seul problème c’est qu’un tiers du personnel a refusé de participer à cette enquête par crainte de représailles de la part du directeur de cet office. Et, curieusement, le rapport d’en-quête qui blanchit le directeur de l’OCSTAT est parvenu aux syndicats patronaux.


Diffamer, il en restera toujours quelque chose…


M. Weiss tire dès lors à boulets rouges sur l’ADG puisque le principal concerné était candidat aux élections au Grand Conseil. Non content de s’attaquer à une défense syndicale légitime, notre chantre du libéralisme accuse notre camarade d’être peu compétent. Il feint de ne pas savoir que celui-ci a été nommé après avoir passé toutes les évaluations avec succès. Au delà de cette situation spécifique, il convient de situer cette attaque dans un cadre plus général. Depuis dix ans, les syndicats patronaux et les partis de droite mènent des offensives incessantes contre la fonction publique sous prétexte d’améliorer le fonctionnement de l’Etat. Le résultat nous le connaissons: 12% de perte de pouvoir d’achat pour les salarié-e-s de la fonction publique, suppression de 1500 postes et tentatives de privatisation. Par contre en terme d’efficacité de la fonction publique les résultats sont exactement contraires au but proclamé. Rappelons la gabegie régnant à l’administration fiscale sous l’ère du libéral Olivier Vodoz qui a fait perdre des centaines de millions au canton, les dysfonctionnements et les malversations aux Office des poursuites et faillites sous l’égide du radical Gérard Ramseyer, sans parler de la débâcle de la Banque cantonale que les partis de droite ont couvert jusqu’au bout. Et c’est bien l’ADG qui s’est trouvée à la tête de la dénonciation de ces dysfonctionnements qui s’entremêlent avec du copinage!


Réduire le rôle de l’Etat


M. Weiss a bien du culot de prétendre que ce sont les syndicats et l’ADG qui veulent «paralyser l’Etat». Ce qui est vrai, par contre, c’est que nous sommes opposé à une hiérarchisation accrue de la fonction publique que nous pourrions nous résumer ainsi: moins de chefs et plus de responsabilité pour le personnel. Quant à certains cadres qui, pour ménager leur carrière, appliquent consciencieusement les mesures d’austérité, ils finissent par se retourner contre le personnel pour montrer qu’ils sont capables de «faire plus avec moins». Il est donc juste de soutenir le personnel qui n’accepte pas de se plier à ce type d’exigences. La paralysie de l’Etat ne peut pas provenir de ceux et celles qui veulent le démocratiser et améliorer sa transparence, elle découle d’une politique libérale, qui vise à couper dans les ressources pour réduire le rôle de l’Etat au plus grand profit du capital.