Graves menaces contre les libertés démocratiques


Graves menaces contre les libertés démocratiques


Premiers visés: les sans papiers. Après les attentats du 11 septembre, 1147 personnes ont été détenues au secret sur le territoire des Etats-Unis, dont 185 pour violation des lois sur l’immigration.

Jean Batou

Le 23 octobre, un employé de la restauration pakistanais, un sans-papiers de 55 ans, disparu depuis plus d’un mois, trouvait la mort en prison. Depuis le 19 septembre, il avait été arrêté et détenu au secret. Pour sa famille, ses amis, la police ou le consulat pakistanais, il n’avait pas réapparu depuis plus d’un mois! Détenus en masse au secret


Depuis lors, 21 organisations pour les droits civils, les droits humains et le respect de la vie privée ont demandé que la liste des détenus, ainsi que les charges retenues contre eux, soient rendues publiques. «Je pense qu’il est alarmant de voir des centaines de gens interpellés et incarcérés au secret (…) Cela pose de sérieuses questions sur la détention en masse (…) Nous ne vivons pas dans un pays où le gouvernement peut tenir secret les noms de ceux qu’il fait arrêter, le lieu de leur détention et les charges retenues contre eux», note Kate Martin, Directeur du Center for National Security Studies à Washington.


Pour les responsables de l’American Civil Liberties Union, aucune des personne arrêtée n’est accusée d’avoir participé aux attentats du 11 septembre. Les sans-papiers sont visés en première ligne. «Le but du gouvernement est de les emprisonner et de les interroger, et le moyen de justifier leur incarcération c’est leur visa échu.» Le procureur général John Ashcroft ne craint pas les amalgames douteux lorsqu’il déclare: «Que les terroristes se le tiennent pour dit (…) Si vous dépassez l’échéance de vos visas, même d’un seul jour, nous vous arrêterons.»
Usa Patriot Act et maccarthysme

Les nouvelles dispositions «anti-terroristes» adoptées par le Congrès, le 26 octobre, sous le nom de Usa Patriot Act, ont donné des pouvoirs exhorbitants aux autorités policières. En clair, cela signifie que «vous pouvez être un terroriste sans le ssavoir (…) Cela nous renvoie aux temps de McCarthy et de la culpabilité par association (…) C’est vers cela que nous allons depuis le 11 septembre», note Elisa Massimino, directrice du Bureau de Washington du Lawyers Committee for Human Rights. Par exemple, les étrangers réputés dangereux pour la sécurité nationale pourront être détenus pour six mois reconductibles, sans véritable inculpation ni jugement. Il en va de même des témoins matériels d’un crime ou d’un acte terroriste, qui pourront être détenus sans échéance légale sur simple décision d’un juge fédéral.