Oui au nouveau musée déthno
Oui au nouveau musée déthno
Le 2 décembre, un certain nombre de genevois iront voter NON aux crédits décidés par le Conseil municipal pour la construction de l«Esplanade des mondes». Parmi ces opposants, on retrouvera ceux qui disent systématiquement non à toute innovation. Mais il en est aussi qui voteront de bonne foi, trompés par les arguments démagogiques des référendaires.
Il nest donc pas trop tard pour rappeler les données essentielles de ce projet ambitieux et raisonnable à la fois. Dabord, et on ne le dira jamais assez, il ne sagit pas de ne construire quun nouveau Musée dethnographie mais de créér un équipement culturel global bien plus important. LEsplanade des mondes regroupera sous le même toit trois institutions actuellement défavorisées: le Musée dethno, le Département danthropologie de lUniversité et les Ateliers dethnomusicologie. Ce pôle culturel abritera donc le Musée dans des murs enfin construits spécialement à son intention, avec des dépôts et des ateliers dignes de ce nom, alors quils sont aujourdhui vétustes et dispersés dans la ville. Mais en plus des structures indispensables à un musée moderne, ce centre sera dotés dune grande médiathèque commune et publique, dune salle polyvalente de 330 places, de salles de cours pour les étudiants, dateliers pédagogiques ainsi que dune brasserie.
Un équipement multiculturel digne de Genève
Compte tenu de ses multiples composantes, le projet est dun coût raisonnable, et même économique si on le compare à des réalisations récentes en Europe. Son financement est également équilibré puisque la participation de la Ville de Genève se limite aux deux tiers du coût total. Soulignons quil sagit là dune première pour un projet culturel de cette importance. Lapport extérieur fourni par les mécènes institutionnels et privés témoigne de lintérêt suscité auprès deux par LEsplanade des mondes. Est-il besoin dévoquer leffet désastreux quentraînerait un refus populaire auprès de ces derniers? Rappelons que seule la participation de la Ville de Genève, soit 67 millions de francs, est soumise au référendum. Les Libéraux et le PDC trompent donc la population lorsquils brandissent le chiffre de 170 millions. En outre le projet du nouveau Musée est inscrit depuis longtemps aux plans quadriennaux. Cette réalisation nentraînera donc pas daugmentation des impôts. Les électeurs qui refuseront le projet en croyant réaliser des économies pour la Ville de Genève feront un mauvais calcul. Par contre, les crédits déjà investis dans les études et le concours darchitecture – plus de 3 millions – seront définitivement perdus.
Pour larchitecture, ce complexe a bénéficié dune largeur de choix unique parmi 220 projets rendus anonymement par des architectes suisses ou étrangers. LEsplanade des mondes a fait lunanimité du jury. Pour autant, ce nest pas le projet présenté au concours que la Ville propose de réaliser mais sa version définitive telle quelle a été affinée ensuite avec les lauréats en commission du Conseil municipal, où les opposants ont pu sexprimer. Sur ce plan aussi, le projet innovateur de la place Sturm présente donc toutes les garanties. Enfin, lemplacement de la place Sturm a été décidé par le Conseil municipal voilà plus de six ans, suivant les recommandations dun rapport rédigé par une conseillère
libérale. Les opposants ne sont donc pas à une contradiction près lorsquils récusent ce choix. La réfutation des arguments des «nein-sager» est développée plus en détails sur Internet1. Ceux-ci sont destinés aux électeurs en faisant surtout jouer le «réflexe du porte-monnaie». Mais le grand public ne connaît pas les réelles motivations des référendaires. Ceux-ci sont opposés au projet de la place Sturm pour des raisons politiques, parce quil ne sagit pas que dun musée classique mais dun complexe dynamique, rassembleur et humaniste. Cet argument napparaîtra évidemment pas sur les affiches de la campagne. Mais il figure en toutes lettres dans le préambule du rapport de minorité des Libéraux au conseil municipal, qui dénonce les «rencontres avec les autres peuples» que permettrait LEsplanade des mondes.
Ce texte sen prend aussi nommément à M. Alain Vaissade, dont le but serait de «se servir de lethnographie» à des fins politiques. Voilà donc la cible des référendaires cachée du grand public! Que les Libéraux et le PDC soient opposés à lédile des Verts sexplique facilement : responsable de la culture à Genève depuis maintenant dix ans, M. Vaissade est identifié comme le promoteur de ce projet auquel il a effectivement apporté tout son soutien. Mais le monde politique change, et M. Vaissade achèvera son mandat dans deux ans. En faisant lamalgame entre le magistrat et le projet, les référendaires prennent le risque de saborder ce dernier sans se soucier de faire passer à la trappe une occasion exceptionnelle pour Genève et son futur. Enfin, une prise de position récente devrait aider à nous convaincre de la nécessité du Musée dethno à la place Sturm: lUDC est contre! Votons OUI le 2 décembre!
* délégué des conservateurs au concours darchitecture