Crise ou pas, les privatisations continuent

Crise ou pas, les privatisations continuent

Après le service des automobiles, c’est au tour du CNIP de
passer à la moulinette de «l’autonomisation».
Encore une privatisation qui n’ose pas dire son nom.
Qu’est-ce que le CNIP? C’est le Centre neuchâtelois
d’intégration professionnelle (CNIP), institution qui
s’adresse principalement à des adultes sans formation
préalable et en difficulté d’insertion
professionnelle.

Ce sont essentiellement l’assurance-chômage,
l’assurance invalidité, le service de l’asile ou
l’aide sociale qui orientent des personnes vers ce centre.
C’est un service public important qui o
ffre à une population fragilisée des apprentissages
concrets, en ateliers, qui les aident à tenter une
rentrée sur le marché du travail.
Le Conseil d’Etat veut autonomiser le CNIP pour, dit-il,
«plus de souplesse, une plus grande rapidité de
réaction». Il  faudrait «lever une partie des
contraintes administratives qui le handicapent». Mais
qu’est-ce qu’une contrainte administrative? Ce sont les
salaires, les conditions de travail, les possibilités de
licenciement et d’engagement. Une fois de plus le Conseil
d’Etat nous sert la bouillie néolibérale classique.
La bourgeoisie a imposé la dérégulation du
marché du travail, la flexibilité, la facilité des
licenciements, avec le résultat connu aujourd’hui:
l’approfondissement des inégalités, la baisse du
revenu du travail, le développement de la pauvreté. Au
plan global, c’est cette politique qui produit crises et
récessions, mais bien sûr quand on ne
réfléchit que localement, le nez dans son budget, 40
emplois dérégulés par-ci, 70 par-là, on
peut se targuer d’être un bon gestionnaire des deniers
publics, et tant pis si les conditions de travail du personnel se
dégradent.

Réduire les contraintes administratives permet de se
présenter comme le champion du redressement des déficits
publics, mais c’est apporter de l’eau au moulin de la
politique des patrons qui, eux, ont tout intérêt à
déréglementer le marché du travail.
Décidément, l’Etat vient à la rescousse du
capital de multiples façons, que les autorités soient de
tendance néolibérale (radicaux, libéraux, UDC) ou
social-libérale (PS).

Pour notre part, même minoritaires, nous refuserons
l’«autonomisation» du CNIP, soumise au vote du Grand
Conseil. Les salarié-e-s ont besoin d’un marché du
travail mieux réglementé, non d’une
«souplesse» dictée par les employeurs. Un consensus
libéral s’est établi au sommet de l’Etat de
tous les pays de l’OCDE, du niveau local au niveau national:
baisser la fiscalité pour les entreprises et le capital,
encourager la «souplesse dans la gestion des ressources
humaines», et venir en aide aux patrons quand ça va mal.

Nous savons qu’à Neuchâtel, le CNIP n’est
qu’une étape supplémentaire du
démantèlement de l’Etat, en attendant la suivante.
La résistance à cette politique passera
nécessairement par un mouvement social et une opposition des
syndicats aujourd’hui largement inaudibles sur cette question.

Henri Vuilliomenet