Nasrallah appelle le peuple d’Egypte à descendre dans la rue par millions pour ouvrir la frontière avec Gaza

Nasrallah appelle le peuple d’Egypte à descendre dans la rue par millions pour ouvrir la frontière avec Gaza

Le 28 décembre 2008, le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a
tenu une vidéo-conférence sur la situation à Gaza.
Un appel à faire pression sur les régimes arabes
complices d’Israël et des Etats-Unis, à leur
désobéir en masse, mais tout de même pas à
les renverser… Après avoir rappelé la lutte
héroïque des partisans de l’imam Hussein Ibn Ali,
petit-fils de Mahomet et père de l’islam chiite, à
Karbala, en l’an 61 de l’hégire (680), face aux
troupes largement supérieures du calife omeyyade Yazid, il en a
tiré cet enseignement politique: «Une poignée de
croyants insoumis qui tenaient à leur dignité et
combattaient pour les droits de leur communauté ont
refusé d’être humiliés et de se soumettre
à la tyrannie. […] Après avoir été
exposés à la faim, à la soif, à
l’intimidation et aux menaces, il ont été
agressés, mais n’ont pas capitulé. […]
C’est là que l’imam Hussein […] a dit que
nous ne serions jamais humiliés. Ce ne fut pas une
réaction émotionnelle! Mais plutôt un engagement
humaniste, idéologique, spirituel, religieux, renvoyant à
des valeurs humaines, à la dignité et aux droits
humains.» Laissons-le poursuivre. Le propos n’est pas sans
intérêt…

Ce fut aussi le choix que nous avons fait au cours de la guerre de
juillet 2006, lorsque que vous, la communauté résistante,
[…] avez choisi la lutte plutôt que la reddition.
[…] Vous avez choisi de faire front […] L’issue a
été la victoire du sang sur le sabre […]

Aujourd’hui, il faut dire la vérité haut et clair,
afin que toute la nation soit consciente de sa responsabilité.
[…] Il est clair que les Etats-Unis et Israël poursuivent
un projet qui vise à imposer un règlement injuste au
reste du monde arabe. Après que l’Egypte et la Jordanie
eurent signé de prétendus traités de paix avec les
Israéliens, seule la Palestine, le Liban et la Syrie ont
continué à résister; les Américains et les
sionistes veulent maintenant trouver une issue selon leurs conditions.
[…] Pour cela, ils recourent à la force, aux pressions,
au blocus, à la provocation, aux rivalités parmi les
mouvements de résistance, à la guerre médiatique,
politique et psychologique, aux assassinats et au conflit armé.
[…]

Certains régimes arabes ont été aussi de
véritables complices de ce projet. Ce n’est pas vrai que
les Arabes se taisent. Nous voyons qu’ils aident Israël.
[…] Aujourd’hui, ils aident politiquement,
psychologiquement, socialement et culturellement les sionistes, sur le
plan de la sécurité et de l’action militaire, en
préparant les conditions de la soumission des résistants
au diktat américano-sioniste sur la Palestine. […] Je
peux vous assurer aussi que certains de ces régimes sont la
véritable cause de la division des Palestiniens. […]
 
Lorsque […] les habitant-e-s de Gaza souffraient de faim et de
maladie, [un responsable égyptien] a dit: «Nous allons
tirer dans les jambes de quiconque tentera de passer en Egypte!»
[…] Par Dieu, la vie n’a aucune de valeur sous le
règne de tels leaders qui complotent contre leur nation. Alors
que 300 personnes sont massacrées à Gaza en quelques
minutes, un officiel arabe tient les victimes pour responsables de la
guerre.
[…] Des chaînes satellites arabes […] couvrent ce
massacre comme si ces gens avaient été tués dans
des accidents de la route dans un coin obscur du monde!

[…] Nous devons descendre dans la rue dans le monde
arabo-musulman. Nous devons élever nos voix et faire pression
sur nos gouvernements. Même s’ils nous tirent dessus,
c’est notre devoir – quiconque tombe martyr dans ces
manifestations est un martyr sur le chemin de Jérusalem, un
martyr de l’Islam et un martyr de toute une lignée de
prophètes et de missions divines: un martyr de
l’humanité. […] Durant la guerre de Juillet [au
Liban], je n’ai pas demandé cela aux peuples arabes, mais
pour Gaza, je dis que nous avons tous le devoir de descendre dans la
rue par milliers, par dizaines et centaines de milliers, pour demander
à ces gouvernements d’agir de façon responsable.
[…]

Tout d’abord, aujourd’hui, le monde arabe possède du
pétrole, de l’argent et un pouvoir politique. Un modeste
effort pourrait lui permettre de stopper l’agression contre notre
peuple et le peuple de Gaza. Ensuite, le monde arabo-musulman doit
demander au régime égyptien, qui joue un rôle
crucial dans les événements actuels, non pas qu’il
entre en guerre, mais qu’il ouvre le passage de Rafah aux vivres,
aux médicaments, à l’eau, et même aux armes,
à l’intention de notre peuple de Gaza. […] Nous
demandons seulement à l’Egypte d’ouvrir ce passage
au nom des vivants, non des martyrs et des blessés. […]
Le gouvernement et le régime égyptiens doivent
résoudre ce problème, et non profiter politiquement de la
guerre pour faire pression sur le Hamas et la résistance de Gaza
pour qu’ils acceptent les conditions d’Israël en
échange d’un cessez-le feu… […]

[…] Nous disons au régime égyptien: si vous
n’ouvrez pas le passage de Rafah, si vous ne venez pas au secours
de vos frères de Gaza, alors vous vous faites complices du
siège et du massacre, de même que de la tragédie
palestinienne. […] Cette partie de mon discours est
destinée au peuple d’Egypte, ce peuple musulman, arabe et
fier; insubordonné, généreux, résistant,
courageux et noble; dont nous connaissons les états
d’âme et les opinions. […] Que le peuple
d’Egypte descende dans la rue par millions. La police
égyptienne peut-elle arrêter des millions
d’Egyptiens? Non! Nous faisons appel au peuple d’Egypte,
parce qu’il fait face au régime qui a fermé le
passage de Rafah. Peuple d’Egypte, tu dois ouvrir le passage de
Rafah avec tes mains nues si tu le peux.

[…] Une fois le passage de Rafah ouvert […] la victoire
épique que nous avons connue au Liban se répétera
à nouveau. Nous sommes confiants dans cette victoire en
dépit des conditions très dures de notre peuple dans la
bande de Gaza. […] Si Gaza fait face à ces attaques
durant des jours et des semaines, l’agression prendra fin, parce
que notre ennemi ne peut faire face à une guerre d’usure
[…]. Il va manquer ses objectifs, et ses leaders qui voulaient
prendre le pouvoir en faisant couler le sang palestinien vont
échouer. […] Le peuple de Gaza est sur le terrain,
résolu dans la lutte et dévoué. C’est un
peuple digne, insubordonné et résistant. Voilà les
facteurs qui vont conduire à la victoire. […]

* Traduit par nos soins d’après la transcription anglaise disponible sur le site www.presstv.ir.