Saint-Gervais: Pas d’unanimité pour une culture au front de taureau

Saint-Gervais: Pas d’unanimité pour une culture au front de taureau

Dans les quartiers populaires, le scrutin a été
très serré, avec des taux d’acceptation de la
liquidation du Centre pour l’image contemporaine ne
dépassant guère 51 %.

Une majorité de 57,8 % du corps électoral de la
ville de Genève a pourtant accepté le transfert de 1,1
million de francs de la Fondation Saint-Gervais au Centre d’art
contemporain (CAC) et au Fonds municipal d’art contemporain.
Seuls les deux arrondissements les plus proches des enjeux de cette
votation – Saint-Gervais et le Quartier des Bains (Mail-Jonction)
– ont rejeté ce marché de dupes.

Ce n’est qu’un début…

L’échec du référendum implique dans
l’immédiat la liquidation du Centre pour l’image
contemporaine (CIC), dont les missions ne seront que très
partiellement reprises au Bâtiment d’art contemporain
(BAC). Depuis deux ans, le Département de la Culture et la
Fondation Saint-Gervais n’ont présenté aucun projet
artistique cohérent pour les arts électroniques. Pendant
ces derniers mois, ils ont même interdit au personnel du CIC de
travailler et annulé la 13e édition de la Biennale de
l’Image en Mouvement. Cela n’augure rien de bon pour la
suite…

    Il est aussi à craindre que cette amputation
n’ouvre la voie à la mise à mort à terme du
Théâtre Saint–Gervais et de ce qui reste de la
Maison de la culture. Le directeur du théâtre, Philippe
Macasdar, qui avait rallié la position du Conseil de fondation
à la veille de la votation, ne crie d’ailleurs pas
victoire aujourd’hui. Dans un communiqué rendu public le
28 septembre, il laisse même poindre son
inquiétude : « Ne nous méprenons pas, si le
résultat de dimanche ouvre des perspectives stimulantes,
celles-ci ne pourront se décliner sans un soutien effectif de
toutes les bonnes volontés pour réunir les moyens
financiers et traduire cette votation dans la
réalité ».

… continuons le combat !

Il y a en effet de quoi se méfier des engagements pris par le
Conseil de fondation. Dès le lendemain de la votation, celui-ci
leur tourne déjà le dos en licenciant l’ensemble du
personnel du CIC sans lui offrir de poste de travail au BAC ou
ailleurs, contrairement aux assurances fournies au Conseil municipal et
à la population durant la campagne. Connu pour ses
méthodes brutales, Patrice Mugny, qui tire les ficelles de la
fondation Saint-Gervais, veut porter l’estocade aux
employé·e·s du CIC pour avoir soutenu le
référendum. Nous appelons nos lecteurs et lectrices
à se solidariser avec eux pour combattre cette violation
éhontée des libertés démocratiques (cf.
pétition ci-contre).

    Cela dit, notre référendum n’a
pas été lancé en vain. En effet, grâce au
débat public que nous avons instauré et au rapport de
forces qui s’est ainsi développé, nous avons pu
faire largement connaître les activités du CIC, ce qui
nous permettra de mieux défendre la promotion de la vidéo
et des arts électroniques à Genève. Nous avons
aussi obtenu de la Fondation des assurances publiques quant au maintien
du théâtre Saint-Gervais, avec son directeur actuel,
jusqu’en juin 2012. Nous veillerons à ce que la Ville et
l’Etat lui donnent les moyens nécessaires à la
défense d’un projet ambitieux pour la suite.

    Enfin, à l’occasion de cette campagne
référendaire, l’association des Amis de la Maison
de la culture de Saint-Gervais a vu le jour, qui entend poursuivre le
combat pour la diversité culturelle, pour la promotion de la
vidéo et des arts électroniques, ainsi que pour
l’avenir du Théâtre Saint-Gervais.

Jean Batou


Pétition au Conseil municipal de la Ville de Genève

Maison de la culture de Saint-Gervais, employés du Centre pour l’Image Contemporaine (CIC) :

Non aux licenciements, respect des engagements !

Exposé des faits

Le 6 décembre 2008, le Conseiller administratif en charge de la
culture voulait la liquidation du CIC. Il a pris, devant le Conseil
municipal (CM), l’engagement de transférer les postes de
travail des employés du CIC en même temps que la
subvention et de maintenir leurs conditions de travail. Aucun des
employés du CIC ne devait perdre quoi que ce soit.

    En janvier 2009, notre référendum a
suspendu l’application de ce transfert jusqu’au vote.

    La brochure officielle que les autorités ont
envoyée à la population répétait que les
autorités souhaitaient un transfert de subvention comportant les
activités et la masse salariale des employés.

    En informant la population que l’enjeu du vote
était le transfert du CIC au BAC, sans incidence sur les
subventions accordées à la vidéo et aux arts
électroniques ni sur les emplois encore occupés au CIC,
le magistrat en charge de la culture et la Fondation St-Gervais ont
pris un engagement. Les électeurs ont voté sur la base de
cet engagement.

    Le 27 septembre 2009, la majorité des
citoyennes et citoyens de la Ville de Genève ont voté en
faveur de ce transfert. Dès ce résultat connu, le
magistrat a attribué aux référendaires la
responsabilité des conséquences de ce vote sur le
personnel du CIC.

    Et le lendemain matin, en déni total des
engagements pris tant devant le CM, le personnel du CIC et la
population, tous les employés du CIC ont été
licenciés, sans aucune proposition de transfert de poste !

    Le syndicat a alerté la presse qui a
interrogé le Conseil de Fondation. Ce dernier affirme que les
employés auraient refusé leur transfert. C’est
faux !

    Ces licenciements apparaissent comme une sanction
contre les employés. A Genève, le fait d’avoir
soutenu un référendum deviendrait-il une faute ?

En conclusion, les soussigné·e·s demandent au Conseil municipal :

  • d’obtenir du Conseil administratif (CA) qu’il
    respecte les engagements que le CA et la Fondation Saint-Gervais ont
    pris publiquement de garantir les postes et les conditions de travail
    (salaires et qualification) du personnel du CIC ;
  • d’exiger l’annulation des licenciements du personnel du CIC.

SSP-VPOD, Commission du personnel de  St-Gervais, Comité
référendaire, Association des Amis de la Maison de la
culture de St-Gervais

* Au moment où nous mettons sous presse, cette
pétition circule encore. Elle devrait être
déposée le vendredi 9 octobre au Conseil Municipal de la
Ville de Genève.