Régularisation des sans-papiers: L’occupation terminée, la lutte continue !

Régularisation des sans-papiers: L’occupation terminée, la lutte continue !

Après une semaine d’occupation du parc de la Kleine
Schanze à Berne, le mouvement des 300
réfugié·e·s et sans-papiers qui protestait
contre l’inhumanité de la politique suisse d’asile
et de migration, réclamant une régularisation collective,
à mis un terme, provisoire, à son action. Nous publions
ci-dessous le bilan tiré par les organisateurs.

Après une semaine d’occupation, les sans-papiers,
réfugié·e·s et les personnes qui les
soutenaient ont levé le camp, comme cela avait été
négocié avec les autorités de la ville de Berne.
L’ambiance lors de la dernière assemblée de jeudi
soir était néanmoins combative. Les
participant·e·s voient cette action comme la
première étape d’un puissant mouvement pour une
autre politique de la migration en Suisse. Cela a permis à des
réfugié·e·s et à des personnes
solidaires de tous les coins de la Suisse de se rencontrer,
d’échanger des expériences, de se mettre en
réseau et de sortir enfin de l’isolement. Ce fut
« une grande chance sur la place de la Kleine
Schanze », comme l’a si bien dit Mohammed Moradi, un
réfugié afghan, à la conférence de presse
du jeudi 1er juillet.

Nous avons déposé une liste de
revendications précises auprès de la conseillère
fédérale Eveline Widmer-Schlumpf. Elle a pourtant
refusé d’entamer le dialogue avec nous, ne prenant
visiblement pas au sérieux nos requêtes. Au cas où
son département ne prendrait pas très vite des mesures
concrètes dans la direction d’une régularisation
collective, les sans-papiers retourneront à Berne.

Après la fin du camp de protestation sur la
« Kleine Schanze », trois personnes en
grève de la faim et un autre réfugié solidaire
sont restés pour poursuivre leur mouvement dans une tente.

Malgré de nombreux efforts des personnes qui les soutenaient,
aucune église n’a été trouvée pour
les abriter. La police les a encerclés. Deux participants (les
plus affaiblis) ont été menés à
l’hôpital, deux autres ont été
arrêtés et emmenés au poste de police.

Le comportement des forces de l’ordre lors de
l’évacuation a été très humiliant.
Ils se sont mis à dix policiers pour porter un
réfugié à travers toute la place, au lieu
d’amener leur voiture près de la tente. Par ailleurs, le
nombre de policiers présents était si
disproportionné que c’en était grotesque. Quatre
personnes qui continuaient leur action de grève de la faim et
quelque trente personnes qui les soutenaient de manière
pacifique en scandant des slogans se sont retrouvées
encerclées par les policiers. Il semble en effet que le chef de
la police a jugé utile d’amener onze fourgons
antiémeutes pour contrôler cette « masse
humaine » !

bleiberecht-kollektiv, Zürich


Lettre ouverte à la conseillère fédérale Widmer-Schlumpf (extraits)

Nous, sans-papiers et réfugié·e·s
déboutés, hommes et femmes de toute la Suisse avec ou
sans autorisation de séjour, avons décidé de
sortir de l’ombre et de revendiquer nos droits : pour les
uns le droit de séjourner légalement dans le pays, pour
les autres le droit à la solidarité. Nous n’avons
pas choisi l’illégalité, elle nous a
été imposée par la législation suisse et un
Etat qui ne garantit plus nos droits. 

Comme débouté·e·s, nous sommes soumis
à un régime d’aide d’urgence qui n’a
pour seul objectif que de nous mettre sous pression et nous amener
à disparaître. Comme salarié·e·s sans
statut légal, nous exécutons des travaux indispensables
dans les ménages, les restaurants, les fabriques et les
entreprises agricoles, cela sans protection sociale et dans la
sur-exploitation. Nous pouvons être arretés à tout
instant et sommes constamment sous la menace d’une expulsion.
Nous ne voulons pourtant que vivre dans la dignité. Nous
revendiquons le droit à la migration.[…]

Depuis le 26 juin, nous nous mobilisons depuis toutes les
régions de la Suisse, en occupant la Kleine Schanze à
Berne. Nous condamnons la politique inhumaine d’asile et de
migration de la Suisse et vous demandons avec insistance de prendre
position sur les points suivants :

– régularisation collective des sans-papiers et des requérant·e·s déboutés en Suisse;
– acceptation immédiate de toutes les demandes d’asile;
– arrêt immédiat des détentions;
– suppression de l’interdiction de travailler;
– suppression du régime d’urgence;
– droit au mariage et au regroupement familial;
– droit à l’éducation et à la formation;
– respect des droits syndicaux;
– respect des droits supérieurs et humains fondamentaux.

Tant que ces revendications ne trouveront pas d’écho, nous
continuerons à nous mobiliser et à nous engager, en
pratiquant la désobéissance civile, pour une
véritable démocratie pour toutes et tous. »
(traduction de la rédaction)