Genève n’existe pas

Genève n’existe pas


Le 4 décembre a vu l’élection de la candidate du PSS Micheline Calmy-Rey au Conseil fédéral. Nous avons dit ce que nous pensions de la campagne «exemplaire» de la candidate genevoise, fondée sur la barre à droite toute sur l’ensemble des points politiques évoqués… et sur le silence absolu sur des questions essentielles. N’en citons qu’une, celle de la guerre impériale américaine, à laquelle le gouvernement suisse, dont elle fait maintenant partie, se déclare prêt à consentir, en violation des principes mêmes de la charte de l’ONU.


Ainsi samedi dernier, le collègue de Madame Calmy-Rey, en charge du militaire, l’UDC Samuel Schmid, rencontrait la ministre française des armées, Alliot-Marie, pour parler coopération militaire, guerre contre l’Irak, maintien de l’«ordre» face aux opposants au sommet des «saigneurs et maîtres» du monde du G8 en juin, de lutte contre le «terrorisme» – dont la définition par l’Union Européenne permet de requalifier ainsi toute mobilisation sociale combative, toute grève des services publics.


C’est dans cette caverne de brigands que l’ex-conseillère d’Etat genevoise s’est battue pour entrer. Or le bilan de la participation socialiste au Conseil fédéral est tiré de longue date, par tous les membres du PSS même, qui ont la prétention d’être encore de «gauche». Pourtant, l’illusion refleurit chaque fois et il ne s’est pas trouvé une voix au PS – de Genève à Romanshorn – pour dire que cette élection était une mascarade à laquelle leur camarade n’aurait pas dû se prêter.


Ainsi à Genève, les commentateurs ont salué l’«union sacrée» autour de la candidate du cru, portée en triomphe à Berne par un comité où les politicards bourgeois occupaient les premières loges – tout contents de «livrer la marchandise» à Berne – pour s’occuper à reconquérir pour la droite le siège cantonal abandonné par Calmy-Rey et réussir en matière fiscale à concrétiser les coupes claires dans les recettes de la collectivté, projetées par les libéraux, en renversant la vapeur sur l’imposition des grosses fortunes et des gros bénéfices, adoptée en votation suite à notre initiative populaire.


Il faut donc le redire – ni solidaritéS, ni l’Alliance de Gauche – n’ont consenti à participer à cette unanimité «apolitique» au nom de quelques motifs que ce soit, surtout pas en fonction des intérêts communs de «Genève». En effet, Genève n’existe pas: il y en a au moins deux. Celle d’en haut, des patrons, banquiers, propriétaires immobiliers… et celle d’en bas, des salarié-e-s, des retraité-e-s, des jeunes en formation, de tous les milieux populaires auxquels on cherchera à faire payer au prix fort la crise qui s’approfondit.


Aussi doué soit-on pour l’équilibrisme, on ne peut être des deux côtés à la foi! De ce point de vue, nous désapprouvons – bien entendu – l’initiative toute personnelle du Conseiller administratif genevois, Christian Ferrazino, qui a consenti à faire figurer son nom, en mauvaise compagnie, sur une liste de «personnalités» apportant leur soutien à l’élection de Calmy-Rey au Conseil fédéral! (pv)