Agroquartier aux Cherpines: une occasion de penser l'avenir

Agroquartier aux Cherpines: une occasion de penser l’avenir

Comment répondre aux
énormes défis écologiques et économiques du
proche avenir : changement climatique, pic du pétrole,
souveraineté alimentaire ? Comment faire face à la
rareté des terrains à Genève ?

Pour l’Association Agroquartiers Autogérés (AQA),
ce ne sera pas avec une conception du territoire morcelé en
espaces distincts dédiés au logement, à
l’agriculture, aux activités économiques, aux
loisirs, etc., et reliés entre eux par des transports
engorgés, polluants et onéreux. Il ne suffira pas de
bâtir Minergie. Il faut inventer une nouvelle manière de
vivre ensemble et de marier ville et campagne !

    Un nouveau paradigme devrait maximiser les usages
multiples du sol et des espaces. Les gazons monotones des barres de
logement traditionnels seraient remplacés par de
l’agriculture de proximité. Des tels espaces
répondraient mieux aux besoins des habitant·e·s de
produits locaux et de qualité. Parmi les besoins des
habitant·e·s d’un quartier nouveau, il serait temps
d’inclure au moins une part de leur alimentation! La
popularité de l’agriculture contractuelle illustre la
demande d’un tel lien avec la nature – plus abordable, concret et
écologique que ceux offerts par la villa ou le chalet de weekend.

Rêver

Concernant la zone industrielle proposée, relevons que la
responsabilité du canton par rapport à
l’agglomération est de construire du logement, et non
d’aggraver la congestion frontalière par de nouveaux
emplois « hors-sol ». Ce serait une
utilisation irresponsable de nos terres trop rares, les zones
industrielles actuelles étant loin d’être pleines.
Ceci dit, un paradigme écologique devrait encourager la
proximité emplois-logements. Le projet AQA propose donc que les
logements du quartier soient offerts en priorité aux 5000
personnes employées des environs. Les personnes travaillant dans
l’agriculture de proximité seraient aussi de
préférence habitant·e·s du quartier.

    On éviterait ainsi une nouvelle
cité-dortoir, d’autant que – pour prolonger
l’idée d’usages multiples de l’espace –
il s’agirait en majeure partie de coopératives avec des
espaces d’activités partagés. Soit un quartier de
type nouveau, visant à intégrer des activités
sociales nouvelles à la vie du quartier (emploi
d’insertion, liens jeunes-ainés, école aux champs,
etc.) et à trouver des alternatives à la voiture
individuelle. Les travaux d’AQA montrent qu’avec ce
concept, on peut faire autant de logements, de manière plus
écologique, avec des coûts réduits.

    Il ne s’agirait plus que de déclasser
de 24 hectares pour 3000 logements assortis de commerces au
rez-de-chaussée et de grands espaces communs. La densité
de ce quartier (1,6) serait dans les moyennes genevoises, bien moindre
si on compte l’accès aux 30 ha de terrains agricoles
attenants. Urbaniser moins que la moitié des terres
réduirait les émissions de CO2, ainsi que le coût
des infrastructures. Des coopératives seraient durablement moins
chères, puisque non soumises à la spéculation.

    Répondre aux défis de l’avenir
en vivant mieux, un rêve ? Ou est-ce continuer comme avant
qui est du délire ? Au plan national, AQA a
découvert neustartschweiz.ch, une association déjà
avancée vers des réalisations de ce type. Il est temps de
rêver !


Olivier de Marcellus