NE: Campagne unitaire pour le droit à l'avortement

Campagne unitaire pour le droit à l´avortement

«Un enfant oui ou non,c’est nous qui décidons»

«Toute politique surnotre ventre ne se ferapas sur notre dos!»

Entrés en vigueur en 1942, les articles 118 à 121 du
Code pénal suisse (CPS) -qui criminalisent
l’avortement- sont combattus notamment dans le
canton de Neuchâtel depuis bien plus de 30 ans déjà.
En janvier 1971, on s’en souvient, c’est «l’affaire des
Bluets» qui fait la une de la presse: trois médecins
neuchâtelois appréciés et connus sont accusés de
pratiquer des avortements illégaux. C’est le point de
départ d’une campagne de protestation et de la
première solution politique: Maurice Favre, député
radical, propose au Grand Conseil d’adresser aux
Chambres fédérales une initiative cantonale visant à
supprimer les articles 118-121 du CPS. L’initiative
populaire pour la décriminalisation de l’avortement,
lancée en juin aboutira en décembre de la même
année. Quelques mois auront suffi pour récolter les
signatures. L’affaire semble en bonne route: le Conseil
fédéral charge la commission d’experts pour la
révision du CPS de traiter prioritairement
les articles 118 à 221.

Une longue bataille politique

C’est l’époque où, sur le plan international,
le mouvement féministe s’engage dans une campagne
publique d’auto-dénonciation. En avril 1971 paraît le
manifeste des «343 salopes» (premières signataires
Simone de Beauvoir, Jeanne Moreau, Françoise
Sagan, Nadine Trintignant…) qui déclarent qu’elles se
sont fait avorter illégalement comme un million
d’autres femmes y sont contraintes chaque année en
France.

La campagne féministe bat son plein, le MLAC
(Mouvement pour la libéralisation de l’avortement et
de la contraception) se construit en France et les MLF
(mouvement pour la libération des femmes) naissent
en Suisse comme aux USA et dans toute l’Europe
autour de cette lutte active pour le droit des femmes
de disposer librement de leur propre corps.

C’est le début d’une longue bataille politique qui verra,
à l’opposé, les forces réactionnaires et le mouvement
chrétien fondamentaliste passer à l’offensive;
commandos violents devant les cliniques et hôpitaux
qui acceptent de pratiquer les IVG (interruptions
volontaires de grossesse), agressions de médecins,
et en Suisse lancement d’initiatives rétrogrades, plus
restrictives encore que le Code pénal suisse.

Une campagne mobilisatrice

Trente ans plus tard, nous en sommes encore là. Avec
un sentiment que rien n’avance ou si peu. Avec une
crainte aussi: que les cantons qui acceptent
«le régime des délais» ne se mobilisent pas
suffisamment pour faire passer -enfin- sur le plan
national une solution minimale assurant aux femmes
le droit d’avorter dans les 12 premières semaines
d’une grossesse non voulue et pour imposer une belle
défaite aux fondamentalistes.

Afin de multiplier leurs chances, les femmes
s’organisent –avec les hommes solidaires- dans un
comité cantonal large, qui regroupe toutes les forces
féministes, politiques et syndicales présentes dans le
canton de Neuchâtel. Objectif commun: mener une
campagne active et mobiliser toutes les générations
sur cette question fondamentale du droit des femmes
de décider du cours qu’elles entendent donner à leur
propre vie.

Marianne EBEL
Membre de solidaritéS Neuchâtel,
députée au Grand Conseil