"La sécurité, première des libertés"

"La sécurité, première des libertés" : L'UDC emprunte un slogan au front national (FN)!

Les prochaines élections françaises sont l’occasion de dresser un parallèle entre le Front National français et l’UDC, parallèle rendu encore plus évident par la reprise d’un slogan frontiste par la conseillère nationale UDC genevoise, Céline Amaudruz

A trois mois de l’élection présidentielle, le FN rassemble avec Marine Le Pen des millions d’intentions de vote dont celles de nombreux travailleurs. Ce slogan banalise vingt ans de propagande. Il aseptise son racisme. Chacun le comprend. L’insécurité c’est la racaille, le jeune de cité, l’étranger, le musulman, et non pas la misère, la maladie, l’avenir volé. 

Doté de députés entre 1986 et 1988 seulement, le FN n’a eu aucune responsabilité dans les réformes de tous les gouvernements depuis le « tournant de la rigueur » qu’a pris Mitterrand en 1983. Jean-Marie moquait la « bande des quatres », (PS, PC, RPR et UDF). Marine, ce qu’il en reste: « l’UMPS » ! N’avoir pas participé à cette politique antisociale contribue aux succès électoraux du FN.

L’UDC y a contribué mais cela ne lui a pas aliéné un électorat populaire qui vote contre ses intérêts. Vieux parti gouvernemental, l’UDC est pourtant responsable du démembrement des lois protégeant les travailleurs, les jeunes en formation, les personnes âgées, les malades, les invalides, les chômeurs, les locataires.

L’UDC était un petit parti agrarien et conservateur (11,5 % des suffrages en 1991). « Dénonçant le système » sous la férule de Blocher, il en rassemble 26,5 % en 2011 (29 % en 2007). Né de presque rien et à la même époque, le FN connaît une progression semblable.

Auraient-ils réussi si les régimes qu’ils contestent avaient poursuivi les politiques qui ont fait leur succès au cours des années 1945-1985 ? L’incapacité des partis gouvernementaux de gauche à refuser les politiques antisociales des secteurs dominants de la bourgeoisie, la volonté de leurs homologues de droite de les satisfaire ont conduit à la désaffection que les nouvelles classes politiques populistes ont saisie.

Leur carte de visite ? Le racisme identitaire

Le FN soi-disant social et l’UDC libérale déclinent l’argumentaire de la préférence nationale, contre le regroupement familial, les prétendus abus aux prestations sociales, la « criminalité étrangère » et « l’altération de l’identité nationale » (islamophobie). Ils veulent réformer le code de la nationalité pour protéger cette dernière. Leurs insertions dans leurs pays respectifs sont différentes, mais leur ethnoracisme est le même. Pas grand-chose ne distingue Marine Le Pen et Oskar Freysinger qui ne se fréquentent pas encore ouvertement.

Ayant laissé les secteurs dominants de la bourgeoisie prendre la « gouvernance » par dessus les parlements, les exécutifs européens et des partis gouvernementaux de gauche et de droite ont permis au racisme de régenter la vie politique:

 

Depuis le rétablissement de la démocratie en 1945, les parlements négociaient le progrès social et la répartition des gains de productivité. Les voilà devenus des casseurs de législation. Comment s’étonner si la préférence nationale se substitue à la répartition sociale ?

 

S’imposant contre la représentation démocratique, la nouvelle gouvernance européenne fonde sur les valeurs judéo-chrétiennes et la civilisation occidentale ce qu’elle ne peut légitimer politiquement.

 

Les vieux partis racistes (1) ont compris au milieu des années 1980 qu’en dénonçant la trahison des partis traditionnels de gauche et de droite ils se frayaient une nouvelle voie. Rabâchant un nationalisme nostalgique, ils proposent pour toute perspective aux masses paupérisées d’expulser « étrangers » et « faux réfugiés » pour récupérer leurs biens qu’ils prétendent indûment acquis, les fameux abus.

Lutter contre le racisme et pour un véritable programme social sont les deux pans indissociables de la riposte. La gauche tout entière finira-t-elle par le comprendre ?

 

Karl Grünberg, ACOR SOS Racisme


1 Si l’antisémitisme de Le Pen est bien connu, il faut rappeler que von Steiger, le conseiller fédéral qui a fermé la Suisse aux Juifs alors qu’il savait que la solution finale était mise en œuvre, était agrarien (UDC).