Canton et villes veulent augmenter l'âge de la retraite et bloquer les rentes des retraité-e-s

 Dans le « solidaritéS » Nº 198 du 17 novembre dernier, notre dossier : « Prévoyance-NE : qui paiera les pots cassés ? » annonçait de « belles empoignades en perspectives ». Les affaires n’ont pas traîné…

 

Aujourd’hui en effet, c’est la déclaration de guerre : «[…] l’augmentation de l’âge de la retraite est la première condition sine qua non. La retraite devrait être portée, en une seule étape, de 62 ans à 65 ans pour les assuré·e·s, sans distinction de sexe…»

            Les employeurs – Etat, villes de Neuchâtel et de la Chaux-de-Fonds, institutions para-étatiques – ont fait connaître leur position dans une lettre du 19 mars (www.cpu-ne.ch) adressée aux re­pré­sen­tant·e·s du personnel, par Jean Studer, Conseiller d’Etat chef des finances (membre du parti socialiste), libéral assumé. En ce qui concerne les retraité·e·s, les employeurs proposent de « renoncer pour les 20 prochaines années à l’indexation des rentes». C’est l’annnonce d’une attaque sans précédent par des autorités majoritairement à gauche (villes, Grand Conseil) contre le monde du travail.

            Pas un mot dans cette lettre sur la responsabilité du Conseil d’Etat et du Grand Conseil  qui ont sciemment choisi – au moment de la constitution dela caisse de pension prévoyance.ne, début 2010 – des rentrées trop basses, qui préparaient les difficultés d’aujourd’hui. Rien non plus sur les obligations non assumées du Conseil d’Etat : normalement les montants servant à l’indexation des rentes devraient être payés par l’Etat, de même la prise en charge de la retraite anticipée des personnes travaillant dans des professions pénibles, mais ces montants ont été mis à la charge de la caisse de retraite. Rien non plus sur la demande des re­pré­sen­tant·e·s des associations du personnel pour que d’autres pistes de refinancement de prévoyance-ne soient explorées.

            La « solution » qui consiste à supprimer pour les 20 prochaines années l’indexation des rentes sur le coût de la vie est un non-sens économique. Personne ne peut prétendre connaître ce qu’il en sera de l’inflation d’ici 20 ans?; elle est proche de zéro actuellement, mais on l’a connue à plus de 10 % il n’y a pas si longtemps et elle peut faire son retour à tout moment. C’est une stratégie de combat contre le personnel et si cette mesure de non-indexation des rentes passe, elle sera utilisée dans un premier temps pour bétonner la non-indexation des salaires, au nom d’une soi-disant solidarité entre tra­vail­leurs·euses actifs et re­trai­té·e·s. Une mesure idéologique pour faire des économies sur le monde du travail, tant que faire se peut.

 

Résister : une nécessité

Le personnel et ses organisations sont maintenant au pied du mur. Le SSP a convoqué une assemblée générale pour le 25 avril. Endiguer l’offensive des autorités nécessitera une mobilisation d’ampleur, qui peut être gagnante si elle est bien menée et déterminée.L’augmentation de l’âge de la retraite, tout comme les retombées d’une non-indexation des rentes sur les salaires concernent tous employé·e·s de la fonction publique. Sauront-ils·elle se mobiliser pour sauvegarder un acquis essentiel ? Que vont-ils·elles faire ?

            Les villes, majoritairement à gauche, sont des employeurs importants de prévoyance-ne. Que pensent-elles de ces mesures drastiques ? On ne les a pas encore entendu, mais si elles le veulent vraiment, elles peuvent contribuer à bloquer les propositions du canton.

            L’abaissement de l’âge de la retraite a été le résultat d’un long combat?; pour nous, sa défense est essentielle. Un mouvement d’ensemble, large et unitaire, voilà ce dont le canton a besoin pour contrer la politique du Conseil d’Etat de plus en plus antisociale.

 

Marianne Ebel