Manif contre la guerre: 4000 jeunes dans la rue!

Manif contre la guerre: 4000 jeunes dans la rue!

Sur une pancarte, on peut lire «Après mai 68, Février 2003». Le jeune collégien qui la porte ne sait pas à quel point il a raison. En effet, de mémoire de 68ard, Genève n’avait plus connu de mobilisation estudiantine d’aussi grande ampleur depuis le fameux mois de mai.


A 10h30, ce vendredi 31 janvier, le pont du Mont-Blanc est envahi d’élèves du post-obligatoire. Partis peu avant de leurs écoles respectives, entre 3000 et 4000 jeunes dont la moyenne d’âge ne doit guère dépasser 18 ans bravent la bise glaciale pour faire entendre leur refus de la guerre. Après une minute de silence en hommage aux déjà nombreuses victimes irakiennes, les étudiant-e-s entament leur marche en direction de la place des Nations. «So-so-so-solidarité, avec les peuples du monde entier», les slogans sont connus et repris par toutes et tous.


En empruntant la rue de Lausanne, les jeunes manifestant-e-s rejoignent l’entrée de l’organisation mondiale du Commerce (OMC) où les gardes, paniqués, s’empressent de fermer les grillages. Les responsables de la sécurité de l’organisation ont bien raison de prendre cette décision car les protestataires bien que jeunes sont parfaitement conscient-e-s de la réalité. Ils savent que si les Etats impérialistes mènent (si possible) leurs opérations militaires sous l’égide de l’ONU, les guerres économiques sont, quant à elles, menées au nom de l’OMC. C’est pourquoi, les écoliers-ères y font un sit-in et observent une nouvelle minute de silence pour les victimes de cette organisation.


La rue de la Paix emmène ensuite les étudiant-e-s jusqu’à la place des Nations. A nouveau les jeunes font preuve d’esprit critique en sifflant copieusement le bâtiment des Nations Unies. Un jeune révolté s’empare d’un mégaphone et crie «Et l’ONU! T’es corrompue». Les jeunes organisateurs-trices du collectif No War* avaient décidé de terminer la manifestation sur cette place mais, alors qu’un nouveau sit-in est organisé, un bruit court: «On continue, on va à la mission des Etats-Unis».

Parcours sans fautes

A peine relevé-e-s, les manifestant-e-s se mettent spontanément en direction de la mission des USA. Arrivé à la hauteur du CICR, un cordon de policiers en équipement anti-émeute barre la route aux étudiant-e-s. Ceux-ci hésitent. Ils-elles veulent éviter la violence mais sont déterminés à rejoindre la mission. Après un instant de réflexion, les jeunes reprennent leur marche les bras en l’air. Les policiers tentent de les arrêter mais face à la pression de la masse, ils reculent d’abord puis cèdent. Après s’être replacés au pas de course, ils essayeront une seconde fois de stopper les manifestant-e-s mais ceux-ci, déterminés, ne peuvent plus être arrêtés.


Les jeunes font un dernier sit-in devant l’entrée de la mission. Ils sont invités à venir s’exprimer dans un mégaphone. Une jeune Irakienne émue remercie ceux qui soutiennent sont peuple. Malgré les années de conflit entre son pays et l’Irak, une jeune Iranienne exprime sa solidarité avec l’Irak. Une Etats-Unienne vient ensuite crier sa honte et critiquer son gouvernement. Ensuite, pratiquement l’ensemble de la politique des USA est critiqué: l’impérialisme économique, les discriminations envers les femmes, la pollution etc. Un autre intervenant insiste sur la nécessité de faire attention à notre consommation, en appelant au boycott des produits états-uniens. Finalement, les organisateurs-trices appellent à se mobiliser le 15 février à la manifestation nationale. Ils-elles invitent également à reproduire le même mouvement le lendemain de la déclaration de guerre du gouvernement Bush.

Motivées, motivés

A 13 heures les jeunes se dispersent. La manifestation est un succès sur tous les plans. Non seulement les jeunes ont répondu massivement à l’appel de No War malgré les menaces de certains professeurs (Selon un élève, un professeur de philosophie bien connu avait même annoncé qu’il se débrouillerait pour que les élèves absent-e-s râtent leur année…), mais en plus les jeunes ont montré une détermination et un esprit critique incroyable. Personne n’était là pour manquer les cours. Preuve en est que, malgré le froid, pratiquement tout le monde est allé jusqu’au bout du long parcours. Cette mobilisation est d’autant plus réjouissante que les participant-e-s étaient toutes et tous très jeunes (seuls quelques-uns avaient plus de 20 ans) et extrêmement critiques face à la politique néolibérale et impérialiste des Occidentaux.


Yoann BOGET


* Contact: NOWAR@freesurf.ch