Italie

Italie : Tout changer: on le peut, on le doit

Pier Luigi Bersani a été élu au second tour des primaires du Parti démocrate italien le weekend dernier. Le vote (60,7 %) pour le secrétaire du PD était attendu. C’est donc l’homme des privatisations du gouvernement Prodi qui devrait représenter une solution de rechange à Monti lors des élections politiques de 2013; autant dire que l’avenir s’annonce des plus sombres. 

Pourtant, une lumière a commencé à poindre au fond du tunnel. Une pétition – lancée par des re-pré-sen-tant·e·s de la société civile, du monde du travail, des mouvements sociaux actifs dans toutes les batailles visant à défendre les biens communs, des intellectuel·le·s, etc. – a appelé à l’organisation d’une «présence alternative» aux élections de 2013. La pétition annonce la constitution d’un véritable pôle qui prenne acte des échecs successifs et du délabrement de la gauche italienne?; seule manière d’envisager la construction d’une nouvelle forme d’organisation politique. Sous le titre «Cambiare si può. Noi ci siamo!», le « mouvement orange » entend (enfin !) recueillir l’héritage politique et culturel de l’une des gauches les plus combatives de l’après-guerre (voir solidaritéS, nº 146, avril 2009). 

«Cambiare si può» («Vous pouvez changer», réd.) va devoir faire face, il est vrai, à une situation catastrophique : désaffection de la population pour la politique; renforcement des rangs des partis et mouvements populistes?; explosions de colère qui ne s’inscrivent pas, en positif, dans la construction d’un horizon politique; découragement et vote subséquent pour le « moindre mal ». Mais les attentes sont grandes et ce nouveau mouvement né des mobilisations extraordinaires pour la défense des biens communs (voir solidaritéS, nº 190, juin 2011) se dit prêt à relever le défi. Afin de représenter une «solution de rechange qui exprime une nouvelle culture politique, qui prenne soin des autres et parle le langage de la vie des gens, et pas celui des appareils, qui inclut dans les discussions et les décisions publiques la citoyenneté active.?» 

A l’heure où Pier Luigi Bersani se profile déjà comme la solution du « moindre mal », il est plus qu’urgent de rejoindre le mouvement. En signant l’appel bien sûr, mais aussi en promouvant la constitution de comités dans les pays d’émigration. En Suisse aussi.

 

Stéfanie Prezioso

 

Pour signer l’appel : cambiaresipuo.net

 

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Voici un bref extrait de l’intervention de Piero Maestri, de Sinistra critica, lors de l’assemblée de «Cambiare si può» à Rome, le 1er décembre.

 

Après avoir énuméré une série de luttes sociales, ouvrières et environnementales, contre la dette et pour les biens communs, Piero Maestri poursuit

 

« [Ces] luttes et ces expériences sont importantes, mais s’expriment encore de manière trop fragmentée et inefficace, ce qui explique pourquoi la préoccupation majeure que nous avons aujourd’hui est non seulement celle de la possibilité d’un énième gouvernement néolibéral – conduit par le centre droit ou par le centre gauche – mais aussi celle de la difficulté à reconstruire une opposition politique et sociale qui soit capable de s’opposer à ce gouvernement. Une opposition qui doit évidemment se positionner ailleurs qu’au centre gauche, sans aucune possibilité d’entente avec celui-ci, que ce soit avant ou après les élections.

» Nous croyons qu’il est possible et nécessaire de construire un projet électoral alternatif capable de se lier et de s’adresser à ces manifestations et au potentiel de radicalisation sociale qu’elles contiennent, à travers un programme qui relève le défi lancé par la Troïka et par le chantage de la BCE et du gouvernement Monti, à partir de ces besoins sociaux évoqués précédemment.»