La CCT santé 21 doit s'appliquer à tout le personnel de la santé

Les voies de Dieu sont impénétrables, mais la vente, par l’église catholique, de l’Hôpital la Providence à un groupe privé dont la seule religion est de faire du profit n’est pas une providence pour le personnel. Genolier a acheté cet hôpital sous conditions : maintien des missions accordées par l’Etat et des subventions qui vont avec, mais sans les contraintes de la CCT 21. C’est le cœur de la grève qui dure maintenant depuis plus de 40 jours : le personnel veut légitimement le maintien des conditions de travail CCT 21, alors que Genolier, le nouveau maître de la maison, entend y régner à sa manière :

– prolongation de la durée du travail de 40 à 42 heures

– réduction des indemnités pour travail du dimanche, de nuit et pour service de piquet

– congé maternité payé à 80 %

– suppression de la grille salariale 

– externalisation de services

 

Le Conseil d’Etat et sa ministre de la santé G. Ory sont sous la pression de la motion populaire, votée par le Grand Conseil, qui demande notamment au gouvernement «d’user de tous les moyens à sa disposition pour obliger la direction de l’hôpital de la Providence à renoncer à dénoncer la CCT 21». Mais le gouvernement se satisfait de peu: sur la base de promesses orales de Genolier de ne rien changer pour 2013 et de ne pas licencier, il maintient les subventions et les missions confiées à la Providence pour les prochaines années. C’est faire fi du vote du Grand Conseil et c’est mépriser le personnel et les grévistes qui, eux, ne vivent pas de promesses.

 

Qui fait la loi dans ce canton?

L’autorité supérieure théorique du canton est le Grand Conseil, qui demande que Genolier respecte la CCT 21, mais Genolier réitère ses menaces de poursuite en justice et de licenciements des grévistes, et le Conseil d’Etat envoie la police pour déloger celles et ceux qui ne demandent que le respect de la CCT 21. On comprend la déclaration du secrétaire général du SSP, S. Giger : «Le groupe Genolier achète la Providence, achètera-t-il aussi la loi?»

 

La plus longue grève du canton

Si le Conseil d’Etat est accommodant avec Genolier, il l’est beaucoup moins avec les grévistes qu’il a fait déloger le 26 décembre au matin par la police cantonale. D’aucuns espéraient que ce serait le coup de grâce et que tout rentrerait ainsi dans l’ordre, faute de tente, de chauffage et d’appuis… Mais les grévistes ont tenu bon. Repliés dans un premier temps sur un terrain de l’église catholique, ils se sont fait déloger de là une nouvelle fois, mais ils n’ont pas lâché. Durant toute la période des fêtes, ils ont maintenu un piquet de grève, installé sur la voie publique devant l’Hôpital, et ont continué les démarches pour trouver une nouvelle place pour y réinstaller une tente. 

 

Que va-t-il advenir?

Il n’y a évidemment rien à attendre de Genolier. Déjà la Providence fait paraître des annonces d’offres d’emploi pour appliquer sa stratégie, pousser les « anciens » dehors pour engager du personnel à de nouvelles conditions péjorées. 

Le courage des grévistes est mis à rude épreuve et ils ont besoin de plus que d’un soutien symbolique. Au Grand Conseil, le groupe PopVertsSol déposera en janvier un amendement à la loi sur la santé, dans le but d’y ancrer  l’obligation de respecter la CCT 21 par tous les établissements de soins (actuellement le respect de la CCT 21 découle d’un arrêté du Conseil d’Etat qui seul décide à qui il l’applique ou non, et Genolier a obtenu sa non-application dès 2014). Le groupe du parti socialiste suivra-t-il cette proposition qui donnerait une issue positive aux grévistes de la Providence, ou se laissera-t-il diviser une nouvelle fois sous la pression du Conseil d’Etat, de sa ministre de la santé « socialiste » et de l’avocat de la Providence, lui aussi député PS ?

L’enjeu de la grève de la Providence dépasse largement cet hôpital. Si Genolier devait l’emporter, ce serait un mauvais signal pour tout le personnel de la santé, au-delà même du canton de Neuchâtel.  Pour gagner cette bataille essentielle, les grévistes ont besoin de l’appui syndical et politique de toute la gauche du canton, et au-delà.

 

Marianne Ebel

 

Pétition à signer en ligne sur : www.solidarite-laprovidence.ch

 


 

«L’Eglise catholique ne fait pas de politique», vraiment?

 

L’hôpital de la Providence étant géré depuis 1813 par une fondation de l’Eglise catholique, c’est elle qui vend et se retrouve sous les feux de l’actualité.

Après l’intervention policière du 26 décembre, les grévistes avaient trouvé refuge sur le terrain à proximité de l’église de la paroisse catholique Notre-Dame. Un répit qui n’a pas duré longtemps : le Conseil paroissial a désavoué son président et enjoint, le 28 décembre 2012, aux grévistes d’évacuer les lieux. Justification de cette tartufferie : l’Eglise catholique ne fait pas de politique et ne veut pas être mêlée à une polémique. 

Mais comme chacun sait, la fédération catholique neuchâteloise est présidée présentement par Mme Sylvie Perrinjaquet, ancienne conseillère d’Etat Libérale et le président de la fondation La Providence, Antoine Wildhaber, est membre du PLR. Pour une institution qui ne fait pas de politique, c’est beaucoup de coïncidences… Bras long ou transmission de pensée ? la messe est dite. HPR