Austérité, mobilité, absurdités

On la savait déjà contradictoire et inopérante, mais, l’austérité s’en mêlant, la politique cantonale en matière de mobilité devient toujours plus illisible, lorsqu’elle n’est pas tout simplement absurde !

On n’a cessé de le répéter, et la réalité ne cesse de le démontrer : Genève est à un point charnière et devrait opérer des choix clairs pour définir quels modes de transport prioriser sur la voie publique. Cela implique une cohérence des décisions politiques, qui doivent être suivies d’effets. Et donc qu’on y mette des moyens. Or, le canton bloque désormais sans hésiter les budgets alloués à la mobilité écologique, en contradiction flagrante avec toutes ses déclarations d’intention et plans d’action.

 

Le Weissblock en roue libre

L’objet le plus médiatisé de ces dernières semaines aura été le projet de vélos en libre-service (VLS). Alors même que tout était prêt (appel d’offres, partenariat avec les TPG et les communes concernées) et qu’il ne manquait que les 700 000 francs du canton, le député PLR Pierre Weiss a sciemment bloqué le projet en commission des finances en refusant de rendre son rapport de majorité à temps. En janvier, la majorité du Grand Conseil (PLR, PDC, UDC, MCG), aux ordres du Weissblock, renvoie une nouvelle fois le projet en commission, le repoussant ainsi aux calendes grecques, alors même qu’il aurait pu démarrer à l’été 2013 ! Le PLR, qui prétendait pourtant publiquement soutenir l’idée d’un Vélib’ genevois (mais «moins cher» et « pas comme ça») a même tenté dernièrement de complètement supprimer en commission la ligne budgétaire du VLS. Genève sera donc l’une des dernières villes européennes importantes sans vélos en libre-service !

 

T’as pas deux ballespour l’IN144?

Alors que la population a accepté en 2011 l’initiative 144 « pour la mobilité douce », le projet de budget 2013 du canton proposé par le Conseil d’Etat (qui avait pourtant soutenu ladite initiative) prévoit une ligne budgétaire pour les pistes cyclables de… zéro franc ! Le Grand Conseil vient pourtant de voter fin janvier (à l’unanimité) le plan directeur de la mobilité douce 2011-2014 (sic !) qui fixe des lignes directrices en la matière (évidemment bien moins contraignantes que l’initiative). Mais pas question d’allouer un seul centime à la mise en œuvre du début d’un embryon de cette politique. La volonté populaire attendra des jours meilleurs.

 

Trams et zones 30au point mort

Autre victime de l’austérité: la prolongation du tram vers Bernex, qui reste sans budget, et les projets de trams transfrontaliers qui devraient être tous retardés, en contradiction totale avec les objectifs du Conseil d’Etat dans le projet « Mobilités 2030 ».

Citons encore que, sous la pression des usagers·ères dénonçant (à juste titre) les transbordements depuis la mise en place du nouveau réseau, les TPG ont finalement annoncé la réintroduction d’une liaison directe entre Carouge et Cornavin. Mais, alors même que les rails de tram sur ce tracé existent encore, cette liaison sera assurée à grands frais par un bus au tracé hasardeux !

Pour compléter le tableau, en Ville de Genève, ce sont trois projets de zones 30 km/h qui ne verront pas le jour en 2013, pour cause d’orthodoxie de l’équilibre budgétaire. Bref, ça roule ! 

 

Thibault Schneeberger