Regards sur le travail

Regards sur le travail : Metroboulotkino, un ciné-club pour parler du travail

Le travail occupe une grande part de notre temps et de notre énergie, physique et psychique. On en parle, la plupart du temps pour s’en plaindre, à ses ami·e·s, collègues ou famille. Le travail fait cependant rarement l’objet d’un débat public, politique et citoyen. C’est la raison d’être du ciné-club MetroBoulotKino. Depuis bientôt deux ans, l’association MetroBoulotKino diffuse chaque mois à Genève un film sur et autour du travail, suivi d’une discussion.

 

La programmation vise à réhabiliter le « travail », l’action de « travailler », au sens noble du terme, c’est-à-dire la base de tout progrès social et économique de l’humanité. En effet, les évolutions de la société et du travail, avec la tertiarisation de l’économie, le recul de l’industrie dans nos pays et sa délocalisation ont en quelque sorte « effacé » la notion même de travail des clés de lecture de la société. On ne parle plus de tra­vail­leurs·euses mais d’opérateurs, plus de chaînes de montage, mais de lignes de production dégraissées, plus de personnel mais de ressources humaines, plus de sa­larié·e·s mais de collaborateurs. 

Aujourd’hui en temps de crise, la problématique du travail a en quelque sorte disparue du débat public face à la montée du chômage?; les médias évoquent avant tout la question de l’emploi, du pouvoir d’achat, thèmes également repris dans les discours des politiques et syndicats.

 

Voir et débattre

 

Ses buts sont de diffuser et de mettre en discussion, dans la cité et dans la société civile, les questions liées au travail au travers de films suivis de débats. Sont abordées entre autres les problématiques des conditions de travail et de l’organisation du travail, de la souffrance et des risques liés au travail, le statut de l’emploi salarié, l’environnement économique, les résistances des em­ployé·e·s. Mais le travail est aussi – ou devrait être – un des grands plaisirs de la vie, l’occasion de se réaliser, de donner à la collectivité et d’être reconnu par celle-ci. Nous nous intéressons donc aussi au travail sous son aspect positif et aux alternatives au travail aliénant.

Au travers de films, documentaires ou fictions, et de débats, MetroBoulotKino offre un lieu d’échanges, de rencontres et de débats sur le travail et ses enjeux contemporains. Regarder un film ensemble permet de comprendre que l’expérience du travail vécue individuellement peut se partager, rencontrer d’autres expériences montrées dans le film ou discutées dans le public.

Parce que prendre la parole sur son travail est une nécessité vitale, un acte citoyen, une affirmation de son existence comme être humain, une revendication de sa capacité à agir sur son travail. Parce que prendre la parole à partir de son travail, encore, c’est discuter sur ce qu’est un travail de qualité, c’est s’engager dans l’action pour transformer le travail, afin que le travail redevienne une question politique incontournable – et une activité positive à travers laquelle chacun-e peut contribuer et trouver une reconnaissance.

 

Demandez le programme

 

Au programme de cette année, en octobre, le film Super de Laurent Graenicher montre l’envers de la médaille d’un centre commercial de Genève, suivi d’un débat sur l’initiative 1:12, sur les différences de salaires.

De même, fin novembre, le film 100 000 cercueils, le scandale de l’amiante sera suivi d’une discussion avec le Comité de soutien aux victimes de l’amiante pour rappeler que l’amiante tue et tuera encore sans que les responsables de ce scandale soient interpellés.

Nos vies discount de Fréderic Brunnquell parle de conditions de travail et de salaires du personnel des hard discounters, tel que Aldi ou encore Ryan Air.

Quelle place les femmes ont-elles dans la lutte, dans un syndicat ? Quelle place est donnée à la réalité de leur travail, à leur parole ? Cette question est posée par le film D’égales à égales de Mélis et Cordier. Ce film s’intéresse à des pionnières. Elles sont migrantes ou filles d’im­migré·e·s, et syndicalistes. Elles ont choisi de s’engager face à la dureté des conditions de travail et à la précarité des salariés, notamment dans les secteurs des services aux particuliers et aux entreprises, où l’on retrouve nombre de femmes issues de l’immigration. Activistes en milieu masculin, elles sortent des rôles féminins attendus.

La fermeture d’une entreprise est toujours une expérience traumatique pour ses salarié·e·s. Jetés comme des malpropres après des années de bons et loyaux services, ils se sentent trahis et ont du mal à envisager une reconversion sur un marché du travail de plus en plus restreint. Cette réalité sera montrée dans la fiction Louise Michel de Kerverm et Délépine qui décrit de façon cynique et décalée la violence d’em­ployé·e·s face à la violence patronale.

L’Affaire Josey Aimes, fiction de Niki Caro, raconte le premier procès collectif pour harcèlement sexuel aux USA, démontrant de façon magistrale que le harcèlement n’a rien à faire avec le désir sexuel mais repose uniquement sur des rapports de pouvoirs et de forces.

Enfin en juin, le film Les Travailleu(r)ses du sexe de Jean-Michel Carré sera suivi d’une discussion avec le centre Aspasie.

En avril, un festival 12 heures de regards sur le travail proposera des films de fictions, des documentaires, de nombreux débats et conférences?; et des moments de partage d’expériences et de paroles.

 

Viviane Gonik et Michel Schweri

 

MetroBoulotKino, c’est aussi une association que vous pouvez rejoindre en vous inscrivant à l’adresse metroboulotkino@gmail.com.

Votre participation permettra de pérenniser et de perfectionner le projet. Nous sommes également ouverts à toutes suggestions !

 

Chaque dernier mardi du mois

18 h 30 Cinélux

8 boulevard Saint-Georges

www.metroboulotkino.ch