Crime… de guerre et résistance populaire

Crime… de guerre et résistance populaire

Ce jeudi 20 mars, l’Etat voyou étasunien déclenche sa guerre d’agression criminelle, foulant au pied droit international et Charte de l’ONU, ouvrant les vannes d’un déluge de feu et d’un océan de souffrances pour un peuple exsangue, victime de l’entreprise génocidaire des années d’un embargo, qui se solde par des centaines de milliers de morts d’enfants.


En Suisse, ce jour là, dans le pays entier, les manifestant-e-s se lèvent pour dire STOP aux bombardements et dénoncer le crime… de guerre! A Genève par exemple, ce sont huit mille jeunes, collégien-ne-s, écoliers-ères aussi, qui se rassemblent au matin et se mettent en marche en direction la caverne de brigands qu’est la mission des USA… marquant un arrêt obligé devant l’OMC. Ils arriveront au but, après avoir fait démonter, sous la pression du rapport de forces et de la légitimité de leur exigence, un premier barrage policier, occupé un terrain contigu à l’ambassade où s’installera un «camp de la paix».


Le soir, ce sera une autre vague aussi nombreuse de manifestant-e-s plus âgés, qui reviendra crier son opposition à la guerre au même endroit. Or Genève n’a pas été l’exception, mais la règle: 50, 60, 70 mille manifestant-e-s on fait vibrer nos rues de leur contestation de la guerre et d’un système qui l’engendre, qui refuse d’entendre les peuples et leur exigence de paix, de liberté et de justice. Dans la journée, les jeunes étaient 3000 à Neuchâtel, 5000 à Lausanne, 15000 à Berne, 8000 à Lucerne, 5000 à Bâle, 5000 à Zürich…


Ni guerre coloniale, ni paix impériale, mais justice globale, refus du sang versé pour le pétrole et pour le capital… Résistance! Voilà le souffle qui a balayé le pays ce jeudi là.

Couchepin cire les bottes de Bush

Le même jour à Berne, un triste sire, président de la Confédération helvétique, le radical Couchepin, chantre du capitalisme néolibéral, parle devant l’Assemblée fédérale. Extrait de sa conclusion: «…la guerre est déclenchée et nous ne pouvons pas revenir en arrière. Il nous reste à espérer que l’intervention américaine pourra contribuer à rétablir une certaine stabilité dans un pays où la population en a grand besoin.»


Les jours suivants, la Suisse d’en haut, celle du capital, confirmera son attachement aux traditions helvétiques… celle notamment qui l’a vu fournir armes et munitions à l’Allemagne hitlérienne tout en refusant l’entrée aux Juifs persécutés. Notre pays continuera à livrer des armes aux USA et à la Grande Bretagne. A Genève, par exemple, l’entreprise Derendinger pourra continuer à fournir des pièces pour les FA/18 des USA, et les grenades à fragmentation HG 85, fabriquées sur mesure par la RUAG fédérale, continueront à être envoyées à l’armée de Blair…


Aujourd’hui, il y a une bataille politique centrale à livrer pour que ce pays condamne l’agression impérialiste américaine, interrompe sa collaboration militaire avec l’Etat voyou étasunien et ses caniches, intervienne à l’ONU pour exiger la tenue d’une assemblée générale qui condamne cette guerre, et défende une position de principe claire et cohérente en faveur du désarmement des pays détenteurs d’armes de destruction de masse, à commencer par les USA et leur arsenal atomique illégal et inégalé… comme en faveur du respect du droit des peuples à l’autodétermination: à commencer par le peuple palestinien.

Un camarade se lève…

Un épisode de cet bataille s’est joué, au parlement genevois, au lendemain du déclenchement de la guerre. Son président, Bernard Lescaze, coreligionnaire politique de Couchepin, acoquiné avec le président du Conseil d’Etat membre du PS, Laurent Moutinot, signera une déclaration honteuse sur la guerre, censément au nom du gouvernement et du parlement genevois. Ce texte réussit le tour de force, non seulement de ne pas condamner l’agression qui est le fait des USA, mais de ne même pas citer ce pays. Il réussit l’exploit de renvoyer dos à dos l’agresseur et l’agressé qui violeraient «également» le droit international. Il crache au visage de l’immense élan de l’humanité tout entière qui refuse la guerre qui lui est imposée par une minorité au profit d’une minorité, en affirmant que «La guerre est un fléau que l’humanité s’inflige à elle-même». Il lève l’étendard douteux d’une «neutralité» qui sert de paravent aux pires trafics…


Or, craignant la lumière du débat politique et public sur ce texte, le président du Grand Conseil a refusé, violant ainsi la loi genevoise, d’ouvrir un débat, ou même de procéder à un vote, sur un texte, pourtant présenté depuis à la face du monde (sur www.geneve.ch) comme une «déclaration» du parlement genevois.


Face à cette ignominie, il s’est trouvé sur les bancs de l’ADG un député, pour faire entrer dans l’enceinte du parlement le souffle de la mobilisation antiguerre, à laquelle il participe depuis des mois, un député pour se lever et exiger qu’on condamne explicitement l’agresseur américain… notre camarade de solidaritéS, Pierre Vanek. Le président l’a menacé, a suspendu la séance, on a coupé son micro pour que le public n’entende pas son message «subversif», on a même éteint les lumières pour éviter qu’on le voie sur les petits écrans, les députés de droite ont entonné un chant patriotique à la gloire d’un Dieu «maître des batailles» pour noyer ses paroles, des député-e-s de «gauche» ont réprouvé son comportement «inadmissible»… Il n’a pas bronché et fait ce qu’il devait faire! Merci, camarade…


Rémy PAGANI