Un drapeau victime de délit de faciès

Le 7 août dernier, alors que le camarade Luc Gilly rentrait chez lui après avoir participé au rassemblement quotidien en soutien au peuple palestinien à la Place Bel-Air, des policiers zélés l’ont contrôlé à deux reprises. Motif du contrôle, le camarade des Pâquis arborait un drapeau palestinien que la police souhaitait lui confisquer. Le deuxième contrôle, effectué par 8 policiers, a même tourné à la dispute entre des habitants des Pâquis et les gardiens de la paix. Voici de larges extraits de la lettre de notre camarade au conseiller d’Etat chargé de la police, M. Maudet.

Monsieur le conseiller d’Etat,

 

«Un drapeau palestinien aux fêtes de Genève? Vous n’y pensez pas, Monsieur!» Eh oui, l’étendard suisse, israélien ou servettien n’aurait certainement pas fait l’objet de ces deux interpellations grotesques. Monsieur Maudet, ce matin encore je reste fâché et consterné par l’attitude de cette police genevoise qui se croit investie «d’une mission de sécurité» pour le moins partiale, complètement disproportionnée, ridicule et illégitime envers le citoyen que je suis.

 

Cette Genferei policière ne me fait pas rire du tout, au contraire cette genevoiserie à un goût politique amer et consternant. Isabelle Brunier, que je remercie pour la lettre qu’elle vous a adressée relate avec pertinence les faits qu’elle a vécus. Elle ignore cependant qu’un premier contrôle déjà houleux a eu lieu au début du quai du Mont-Blanc. Ces deux courageux policiers m’ont pour finir laissé partir avec ce douteux (dangereux ?) drapeau tout en appelant peu après, je pense, leurs collègues en amont pour qu’ils nous prennent (j’étais avec deux amies) en filature dans le quartier des Pâquis et qu’ils me coffrent en possession de ce fichu drapeau ! Après tous les invectives et incidents relatés par Isabelle Brunier, quatre autres policiers sont arrivés en renfort… Au total, huit policiers (en uniforme), une voiture pour ramener le drapeau au poste et deux gardes municipaux se sont mobilisés pour obtenir mon identité et confisquer mon drapeau. Quelle est donc cette République qui dispose en nombre des forces de l’ordre pour contrer un citoyen, qui en toute légitimité a exprimé son soutien au peuple palestinien à la place Bel-Air et qui subit une demi-heure après ces ridicules et consternantes gesticulations policières ?

 

Qu’allez-vous entreprendre, Monsieur Maudet, pour que cessent ces intimidations gratuites et disproportionnées (abus de pouvoir !?) dans ce canton et cette ville où les droits de la personne sont portés haut et à tout va comme carte de visite internationale par la Genève politique… et touristique ? Depuis le mois de juin des drapeaux il y en a partout, voitures comprises et sur tout le parcours des fêtes de Genève autour de la rade, alors deux poids et deux mesures ?

 

Cette démonstration policière a réussi à rassembler beaucoup de badauds et de pâ­qui­sard·e·s qui s’étonnaient à juste titre du nombre de policiers et gardes municipaux présents sur les lieux du crime pour une histoire de drapeau… palestinien ! Quel gaspillage des deniers publics, quelle perte d’énergie et que de salive perdue alors qu’il y a mieux à faire pour ce quartier ! (…)

 

Existe-t-il une loi interdisant le port de drapeau comme nous le prétendait le policier qui a contrôlé les identités d’Isabelle Brunier et de moi-même ? […]

 

Luc Gilly