1935-2015

1935-2015 : Le PSS pour la démocratie de concordance

Il y a 80 ans, le 26 janvier 1935, le Parti socialiste suisse (PSS), premier parti électoral du pays, tenait son Congrès de Lucerne, où il annonçait son ralliement aux institutions bourgeoises et à la défense nationale. En juillet 1937, les syndicats et le patronat de la métallurgie signeront la convention de paix du travail.

La direction du PSS explique alors que les droits démocratiques ne sont pas seulement «mis en danger» par l’extrême droite, mais aussi «par des révolutionnaires sincères qui, méconnaissant les conditions objectives de la lutte, et préconisant (…) des moyens de combat justifiés et nécessaires dans d’autres circonstances, déciment les forces démocratiques et poussent à des conflits violents».

Pour elle, il ne reste plus qu’à développer une démocratie économique et sociale capable de «reconstituer la propriété privée (sic), qui sera à la disposition de tous les hommes». Pour cela, le « Plan de travail » (2e partie de son programme de 1935) entend soustraire l’économie à la tutelle du « capital financier » et la soumettre à une « direction fédérale » planificatrice (réunissant pouvoirs publics, syndicats et intérêts privés). Dès lors, les grèves et autres mouvements sociaux ne pourront avoir que des objectifs économiques et s’inscrire dans le cadre légal.

Dès octobre 1934, elle avait décidé de ne pas appuyer une initiative des communistes contre l’extension de la durée des écoles de recrues. Le 16 mai 1936, elle acceptera de soutenir un crédit militaire de 235 millions, une décision désavouée par son congrès de Zurich des 6 et 7 juin, à laquelle, pourtant, une petite minorité seulement de ses élus s’opposera au Conseil national ! 

En juin 1935, l’« initiative de crise » de l’USS, des associations professionnelles et du PSS est rejetée par 57,2 % des votants. Le président de la FOMH (syndicat de la métallurgie), Konrad Ilg, en tire la conclusion suivante : «Dans le futur, l’essentiel du combat des syndicats sera moins dirigé contre les patrons (…) [Mais] parviendrons-nous à rassembler une masse suffisante de travailleurs pour gagner en votation?» La réponse est non, comme le montre l’échec cinglant de l’initiative de l’USS pour un salaire minimum légal. Sans mobilisations sociales, tout succès du monde du travail dans les urnes est absolument impossible. JB