Podemos et les candidatures d'unité populaire

Dans l’analyse sur les élections de l’Etat espagnol publiée dans le numéro du 28 mai dernier, l’auteur Manolo Garí désigne les listes municipales soutenues par PODEMOS comme des « Candidatures d’Unité Populaire », en utilisant l’abréviation CUP. Ces CUP, soutenues par PODEMOS, auraient fait d’« excellents résultats », notamment aux élections municipales de Barcelone.

 

Je ne mets pas en doute la bonne foi de Manolo Gari, mais il commet une erreur manifeste lorsqu’il traite les listes citoyennes soutenues par PODEMOS (Ganemos Madrid et Barcelona en Comù) de «Candidatures d’Unité Populaire». L’utilisation de ce terme prête à confusion, car les vraies Candidatures d’Unité Populaire n’ont rien à voir avec le parti de Pablo Iglesias. Les CUP sont un mouvement communiste et populaire qui défend la démocratie, les droits sociaux, l’écologie et l’autodétermination de la Catalogne. Nées en 1991, les CUP ont bénéficié d’un soutien croissant grâce à leur activité militante de base constante et efficace, en particulier au niveau communal. Ce succès à été confirmé au niveau régional notamment, en raison de leur refus de constituer un gouvernement d’unité nationale interclassiste avec les autres mouvements souverainistes (les sociaux-démocrates de Ezquerra Republicana de Catalunya et la droite bourgeoise de Convergencia i Unio). Lors des dernières élections municipales, les CUP ont obtenu 220 000 voix, en passant de 101 à 372 con­seil­ler·e·s communaux et en obtenant la majorité dans onze communes.

Les CUP et PODEMOS ne sont pas alliés au niveau régional, principalement en raison du refus du parti de Pablo Iglesias et de Manolo Garí de prendre position en faveur du droit à l’autodétermination des ca­ta­lan·e·s. Cela ne justifie toutefois pas l’exclusion de l’exploit des CUP d’une analyse sérieuse des élections espagnoles, en particulier lorsqu’on accorde une importance particulière aux élections de la ville de Barcelone, où les CUP ont fait de bons résultats. Alors que la tendance de PODEMOS est à la modération de sa ligne politique et à une alliance avec le PSOE dans de nombreuses régions, alors que certains cadres fondateurs – comme Juan Carlos Monedero – quittent le navire, en désaccord avec la majorité de la direction, il est d’autant plus légitime de donner une visibilité aux succès de la gauche populaire et de se réjouir du succès des CUP en Catalogne. Comme le disait il y a quelques jours son porte-parole David Fernandez, répondant fièrement à une provocation de la droite espagnoliste : «Oui, nous sommes communistes. Et nous avons plus de voix que le Partido popular»

 

Jean Verhagen

 

 

Réponse de Manolo Garí

 

Premièrement, autant moi que Anticapitalistas, nous défendons le droit à l’autodétermination sans aucune ambiguïté ; PODEMOS, de son côté, reconnaît le droit de décider, même si ses di­ri­geant·e·s préconisent publiquement la non séparation. 

Deuxièmement, il est certain que la Candidatura d’Unitat Popular (CUP) existe en Catalogne depuis des années, dont l’une des figures les plus connues est David Fernández, un camarade qui se réclame du communisme – même si cela n’est pas exigé pour faire partie de la CUP. 

Troisièmement, dans tout l’Etat espagnol, toutes les candidatures unitaires aux élections municipales – qui ont eu de multiples dénominations locales –  ont été désignées comme Candidaturas de Unidad Popular (CUP). C’était une façon de marquer leur projet. 

En Catalogne, nous avons été très attentifs à éviter toute concurrence de sigle et de dénomination, et nous avons opté pour utiliser toujours les noms spécifiques des candidatures. Dans le reste de l’Etat, et cela se répétera lors des prochaines élections générales, le débat porte sur l’alternative suivante : soit impulser des candidatures d’unité populaires avec des processus unitaires au niveau provincial pour organiser des primaires ouvertes dans lesquelles toute la gauche puisse participer, soit permettre à qui le souhaite de s’ajouter aux candidatures de PODEMOS. Je suis en faveur de la première solution, même si l’axe qui devrait porter ce  processus unitaire serait certainement PODEMOS. De nouveau, en Catalogne, il y aura une autre tactique que j’appuie, et qui sera certainement similaire à ce qui a été réalisé à Barcelone avec Comú. Mais cela est encore en discussion. 

 

Manolo Garí Ramos

(traduit de l’espagnol par notre rédaction)