Du travail sans salaire pour les réfugiés
La révision de la Loi sur l’asile, mise en œuvre par la conseillère fédérale socialiste Simonetta Sommaruga, a pour principal objectif d’accélérer les procédures des demandes d’asile. Or cette accélération est à deux vitesses. Elle favorise le renvoi plus rapide des personnes déboutées alors que les personnes ayant droit à l’asile voient leur procédure d’intégration prendre un, deux ou même trois ans (laps de temps durant lequel il leur est impossible de travailler par exemple). Y ajoutant son grain de sel, le Parti démocrate chrétien (PDC) a formulé début août une série de propositions, où l’UDC elle-même peut y trouver son compte. Ces propositions seront débattues lors de la session urgente du parlement sur l’asile en septembre.
Le parti suggère que les réfugié·e·s soient astreints à un travail (ou à une formation s’ils n’en avaient pas) dès leur départ des centres fédéraux, au moment d’être répartis entre les cantons. Toutefois, il est scandaleusement précisé qu’aucune compensation salariale ne devra être perçue par les migrant·e·s, l’argent devant être reversé pour servir à financer les dépenses de l’asile. Du travail pas cher pour les entreprises suisses donc, qui justement voyaient d’un mauvais œil la perte d’une main d’œuvre facilement exploitable avec la fin de la libre circulation des travailleurs.
Le PDC va plus loin, en remplaçant les prestations fournies en argent aux requérant·e·s d’asile (l’aide sociale) par des bons à échanger contre des biens de première nécessité. Ceci afin d’empêcher l’envoi de sommes d’argent aux proches. L’Etat s’arrogerait ainsi le droit de décider de ce que les réfugié·e·s ont le droit de faire ou non avec les faibles montants qui leur sont alloués. Cette mesure prétend diminuer l’attractivité de la Suisse pour les migrant·e·s fuyants la misère économique.
A ces mesures drastiques, le parti du centre ajoute qu’un appui de l’armée devrait être proposé aux cantons frontaliers pour faciliter le contrôle des personnes. Finalement, le PDC soutient tout de même l’assistance juridique gratuite pour les requérant·e·s. Situation qui ne plaît pas à l’UDC, déjà prête à lancer un référendum si cette assistance est maintenue dans la réforme, sous prétexte qu’un recours juridique risquerait d’entraîner un retard dans les procédures. Si la révision de la loi proposée par la conseillère socialiste allait déjà vers plus de restrictions dans l’accueil et des renvois plus rapides, il y a fort à craindre que les propositions des différents partis de droite ne viennent lui donner une ligne encore plus dure.
Aude Martenot