Cinéma

Cinéma : Le CityClub Pully, un cinéma indépendant géré par une association

Pour la cinquième saison, le cinéma CityClub Pully ouvrira ses portes le jeudi 3 septembre. Repris en 2011 par une association, la salle de 200 places propose une programmation de qualité avec des films à haute teneur politique et sociale. A cette occasion, notre rédaction s’est entretenue avec Laura Grandjean, son administratrice. 

Comment fonctionne le cinéma  ?

 

Ouvert dans les années cinquante, le cinéma a eu différents exploitants commerciaux avant d’être repris par notre association en 2011, quand l’entreprise qui l’exploitait (Cinérive SA) a mis la clé sous la porte notamment à cause de l’arrivée des grands multiplexes et des homes cinémas. Pour fonctionner et survivre, le cinéma a dû rapidement s’organiser collectivement, de façon non hiérarchique, en s’appuyant sur une force de travail « militante » bénévole. Aujourd’hui, le cinéma fonctionne avec plus d’une cinquantaine de personnes, pour la plupart non rémunérées. Il collabore également avec différents groupes ou associations pour organiser conjointement des évènements comme la Fête du Slip (festival queer), Info Prison (Groupe d’information critique sur les prisons), ou le Groupement romand d'études des addictions. Le cinéma met également à disposition sa salle pour de multiples associations à but non lucratif.

 

 

Quelle programmation de film proposez-vous  ?

 

Il est nécessaire de comprendre que le cinéma est un lieu privilégié, où s’élaborent et se transforment les normes qui façonnent nos représentations et nos vies. Par conséquent, il est essentiel de maintenir une diversité cinématographique qui s’articule sur d’autres critères que la rentabilité financière. Nous proposons ainsi chaque mois une sélection de quatre films récents inédits, très souvent primés dans les festivals de films internationaux, portant sur des thématiques sociales, à contre-courant de la culture et de la pensée dominante et de mon point de vue avec un message très souvent politique.

 

 

Est-ce que tu peux nous parler de la programmation du mois de septembre  ?

 

Durant le mois de septembre, nous accueillerons le film portugais Les Milles et une nuits de Miguel Gomes. Ce film événement du dernier Festival de Cannes nous transporte dans une métaphore tragique et fantastique du Portugal d’aujourd’hui, et plus particulièrement sur les pays endettés du sud de l’Europe, sous la coupe de la troïka (BCE, FMI, Commission européenne). Nous diffuserons également Zaneta, qui décrit le quotidien d’une femme rom qui lutte pour s’intégrer dans une société tchèque qui lui est hostile ; ou encore Le Challat de Tunis, réalisé par la tunisienne Kaouther Ben Hania qui enquête sur la rumeur d’un homme à moto qui blesse des femmes « impudiques » en pleine rue, tout en interpellant avec ironie «tous les gens qui ont un Challat qui sommeille en eux» afin de faire entendre la colère, bien réelle, des femmes tunisiennes.

Propos recueillis par  Jorge Lemos