Beznau? NO NEVER!

Le réacteur de Beznau I, mis en service en 1969 et exploité par Axpo, est le plus vieux réacteur nucléaire en activité au monde. Un million de personnes, directement et gravement menacées par cette installation, vivent dans un rayon de 30 km. La centrale compte en outre un deuxième réacteur mis en service en 1971.

Le 4 octobre, une étude mandatée par l’association Sortir du nucléaire classait Beznau en 4e position des centrales les plus dangereuses du monde sur 194 installations étudiées. Elle arrivait juste derrière Jihshan et Kuosheng à Taïwan et Metsamor en Arménie. L’étude indiquait que les sites nucléaires suisses exposent proportionnellement le plus grand nombre d’habitants de leur propre pays aux risques liés à leurs installations atomiques vétustes.

Greenpeace indiquait de son côté en août dernier, que Beznau n’avait pas réussi en 2012 un test de résistance aux séismes, contrairement aux stress-tests rassurants annoncés à l’époque par l’Inspection fédérale de la sûreté nucléaire (IFSN).

 

Mille trous dans la cuve

 

Or ce 8 octobre, le Tages-Anzeiger révélait que la cuve de pression du réacteur de Beznau I, soit le conteneur blindé de 10 m de haut de 3,5 m de large et d’une épaisseur de 15 cm où se trouvent les barres de combustible radioactif et où s’opère la réaction en chaîne atomique, comporterait un millier de trous d’un diamètre moyen de 0,5 cm  !

Ce défaut est incroyablement dangereux, particulièrement dans une installation dont les 46 ans d’activité ont pu fragiliser les parois d’acier. On parle en effet ici de la pièce la plus importante pour la sécurité de l’installation : de telles faiblesses y sont inacceptables. Si la cuve lâchait on serait dans un scénario de catastrophe nucléaire quasi-inévitable.

La seule mesure permettant de garantir la sécurité de l’installation est de prendre la décision politique de l’arrêter définitivement et immédiatement. On ne peut d’aucune manière continuer à faire confiance à l’exploitant qui avait minimisé les problèmes en juillet dernier, en annonçant avoir décelé des irrégularités dans le matériau des cuves de pression, mais en affirmant : «Il ne s’agit pas de fissures, mais éventuellement de salissures ou de variations dans l’épaisseur du matériau par endroits».

 

Redémarrer ? Jamais !

 

La centrale, aujourd’hui à l’arrêt jusqu’en février prochain, ne doit jamais redémarrer, contrairement à ce qu’envisage Axpo. Ce qui se produit à Beznau ressemble à ce qui s’est passé en Belgique, il y a 3 ans. Les centrales Doel 3 et Tihange 2 présentaient des «petits trous» analogues dans leurs cuves. Après leur découverte, les réacteurs avaient été arrêtés. Ils n’ont pas été redémarrés depuis et ne le seront sans doute jamais !

Pour Beznau, du point de vue des autorités, on en est pourtant encore à la perspective d’une exploitation illimitée dans le temps. Ce scandale doit cesser tout de suite ! La gériatrie nucléaire mortelle à laquelle se livrent les exploitants pour repousser les coûts de l’arrêt et du démantèlement de leurs chaudières à plutonium doit s’arrêter… avant un tCHernobyl helvétique.

Pierre Vanek