Elections fédérales - Vaud

Elections fédérales - Vaud : Ni rire ni pleurer, comprendre...

Nous n’avons pas réussi à reconquérir un siège de la gauche radicale vaudoise au Parlement national. Mais comment analyser les 2,9 % recueillis par la liste POP-solidaritéS aux élections fédérales ?

Tard dans la nuit du 18 octobre, le verdict est tombé : avec 2,9 %, la liste POP-solidaritéS ne pouvait avoir aucun élu·e, et ce chiffre traduisait un recul substantiel par rapport aux élections précédentes (POP 2,12 % + solidaritéS 1,81 % = 3,93 %). Comment comprendre ce faible score et cette régression pour envisager de nouvelles perspectives pour les prochaines échéances électorales ?

Tout d’abord, nous sommes confrontés à un glissement à droite du champ politique dans un contexte de faiblesse des mouvements sociaux et d’absence de mouvements de grève dans le canton de Vaud, ce qui réduit l’audience des forces de la gauche radicale. Plus généralement, la crise des réfugié·e·s a dressé l’épouvantail d’une invasion imminente, empêchant une bonne partie de la population d’entendre notre appel à l’ouverture des frontières.

De surcroît, nous assistons depuis la fin des années nonante à une lente érosion de l’électorat de nos alliés popistes, qui avaient joué jusqu’ici un rôle significatif, notamment dans les processus électoraux, ne serait-ce qu’en raison de leur présence plus large dans l’ensemble du canton. On perçoit nettement cet affaiblissement à Renens (moins 3 points depuis 2011), à Yverdon (pratiquement moins de 2 points) ; à Lausanne, à Morges et à Nyon, les pertes sont plus limitées (moins 1 point). Et c’est vevey qui résiste le mieux.

Il faut ajouter à ce bilan sommaire, que notre liste n’a pas su convaincre, faute d’une relève politique suffisante dans les classes d’âges intermédiaires, entre les anciens et les plus jeunes. On observe un véritable fossé entre la génération des « post-soixante-huitards » et celle des « indigné·e·s » de moins de trente ans qui manque d’expérience politique. On peut également regretter que des organisations comme les Décroissants et Alternatives de Vevey ou Ecologie et solidarité à Yverdon aient refusé de participer à ces élections fédérales.

 

 

L’impact du vote utile

 

Le bon résultat individuel de Jean-Michel Dolivo montre que de nombreux électeurs·trices l’ont rajouté sur des bulletins officiels, socialistes ou verts. Le « vote utile » a évidemment joué un rôle impoortant dans un contexte où, faute de perspectives à gauche, une partie de l’électorat populaire tente simplement de « limiter la casse ». Enfin, n’oublions pas que le boycott des grands médias et que notre budget de campagne très limité nous ont aussi marginalisé.

Au delà de ces constat, il faut rappeler le but essentiel des élections pour solidaritéS : combattre l’hégémonie idéologique néo­libérale et populariser des solutions solidaires ouvrant la voie à une perspective anticapitaliste. Dans ce sens, notre campagne a atteint son but en faisant mieux connaître nos idées – contre la baisse massive de l’imposition des entreprises, pour la fusion de l’AVS et du 2e pilier, pour l’accueil digne des réfugié·e·s, etc., et en nous permettant de gagner une dizaine de nouveaux militant·e·s qui seront à nos côtés pour continuer la lutte.

Jorge Lemos