Filmar en América Latina

Filmar en América Latina : Un festival au front

Du 13 au 29 novembre prochain se tiendra la 17e édition du festival FILMAR en América Latina. Pour présenter cette nouvelle édition, nous nous sommes entretenus avec sa directrice, Sara Cereghetti.

 

 

Présentez-nous cette nouvelle édition de FILMAR, quelles sont les nouveautés ?

 

S.C. On pourrait simplement affirmer que FILMAR en América Latina grandit, évolue et questionne son identité : le festival cherche sa maturité. Ainsi, cette nouvelle édition se place entre fidélité et métamorphose.

D’une part, l’intention du festival est bien ancrée : il s’agit de confirmer le projet qui fait de nous la plus grande manifestation cinématographique de Suisse entièrement dédiée à l’Amérique latine. Nous allons continuer d’offrir au public les meilleures productions du cinéma latino-américain dévoilées pendant l’année. Depuis les débuts du festival, nous nous sommes dédiés à cette tâche en jonglant entre œuvres de trajectoire internationale et talents cachés, mêlant les genres et plongeant dans la diversité de narrations. Lors de cette 17e édition, nous continuons aussi de privilégier les liens et les échos entre cinéma et réalité.

Par ailleurs, comme tout évènement culturel, FILMAR est aussi en constante transformation. Nous sommes à l’écoute de l’évolution des productions cinématographiques d’Amérique latine, et en même temps, nous observons attentivement notre paysage culturel. Nous souhaitons également dynamiser le public captif du festival. Pour ces raisons, une nouvelle formule est proposée. Nous avons donné un nouveau visage au festival qui permet d’ouvrir neuf boîtes (appelons-les conceptuelles ou symboliques) conçues pour amplifier la résonance de la programmation et le dialogue avec le public.

Dans Coups de Cœur, FILMAR invitera à la découverte des huit films en compétition pour le Prix du Public. Le Jury des Jeunes choisira son lauréat parmi les huit films proposés dans Opera Prima, l’espace des nouveaux talents. Des premiers films qui témoignent de la vivacité des nouvelles générations de cinéastes latino-américains. Une Immersion dans les cinématographies d’Amérique centrale et du Mexique fera l’objet d’une traversée de Panama à Tijuana à travers 25 longs-métrages et 4 courts-métrages qui dressent un constat : un cinéma centraméricain existe, il est parfois cette silhouette fragile et isolée qui déambule en terrain incertain, mais c’est un cinéma qui clame haut et fort « Presente ! ».

Des Humeurs et des Envies consentira de croiser les regards sur l’actualité des cinématographies du continent, notamment en découvrant plusieurs films primés dans d’importants festivals internationaux. Des films dont l’engagement et la radicalité sont la force seront Au Front.

FILMARcito donnera des moments de plaisir aux petits et à leurs familles et la Dédicace de cette année fera la part belle à l’enfance avec des petits héros pour grandes histoires. Art-Images mettra en lumière la rencontre entre cinéma et autres arts par un corps à corps où danse et mouvement chorégraphié habiteront l’écran. Avec À Revoir pas de place aux regrets d’avoir manqué des films inoubliables.

Des œuvres de fiction et des documentaires (au total 99 longs-métrages et une trentaine de courts-métrages) dévoileront les nouveautés des cinématographies latino-américaines avec des films provenant de dix-huit pays.

 

 

Vous avez une nouvelle catégorie de films appelée Au Front. Quelle est l’idée derrière cela ?

 

Comme je vous le disais, un des objectifs du nouveau visage du festival est celui de renforcer l’impact des films proposés, par une organisation thématique des films. FILMAR est un festival engagé, car il serait difficile de nier l’engagement humain et politique du cinéma indépendant d’Amérique latine. Il nous semblait essentiel d’aller plus en profondeur dans ce propos, constituant un véritable espace dans notre programmation pour un cinéma qui manifeste, qui prend parti et qui dénonce. Ainsi, qu’il s’agisse d’animation, de fiction métaphorique ou de documentaires classiques, dans Au Front nous avons recueilli 11 longs-métrages et 4 courts-métrages qui permettent de réveiller nos esprits combatifs, nous offrant la possibilité d’aiguiser nos regards sur les réalités d’Amérique latine.

 

Le 17 novembre vous organisez une discussion avec solidaritéS sur la question des requérant·e·s d’asile. Quelles raisons vous ont poussé à ce choix ?

 

Nous avons invité solidaritéS à une présentation conjointe du documentaire Otra Isla (titre français D’une île à l’autre) de Heidi Hassan. À Madrid, la réalisatrice est témoin de l’odyssée, de la lutte pour la dignité et pour le droit d’asile d’une famille cubaine.

Une des intentions fortes de FILMAR est de créer le dialogue, de confier à la culture une de ses principales raisons d’être. Nous considérons que le cinéma « d’ailleurs » – dans notre cas d’Amérique latine – ouvre aussi des espaces de réflexion sur l’actualité locale. Ces derniers mois, les évènements se sont précipités, le sujet de la migration et des requérant·e·s d’asile fait l’objet de conflits politiques et surtout de déchirements humains. Mais aussi de solidarité citoyenne. En tissant un pont entre un de nos films et la perspective de solidaritéS, nous souhaitons créer une occasion de partage et de compréhension de notre réalité. Le cinéma est parfois un miroir qui transcende les frontières.

Propos recueillis par la Rédaction