La fonction publique mobilisée contre un budget d'austérité

Après la marche sur le climat

(29 novembre), la Cour du Château de Neuchâtel était à nouveau remplie le 1er décembre : à l’occasion de la session du Grand Conseil (consacrée notamment au budget), 800 à 1000 employé·e·s de la fonction publique s’y sont rassemblés à l’appel des différentes associations et syndicats du personnel *.

Hormis cette manifestation, d’autres signes de mécontentement contre les politiques d’austérité ont eu lieu. Le 27 novembre, les représentant·e·s de 17 institutions sociales du canton dénonçaient les coupes prévues par l’Etat qui «liment les budgets à tel point que ces institutions sont en passe d’être déclarées en faillite par l’autorité de surveillance des fondations de Suisse occidentale» (Le Courrier, 1.12.2015)

Par ailleurs, le 30 novembre, une délégation du personnel du Conservatoire neuchâtelois (CMNE) déposa une pétition signée par la quasi-totalité des employé·e·s pour demander au Grand Conseil et au Conseil d’Etat de renoncer en 2016 et pour les années suivantes à toute nouvelle mesure d’économie (qui aurait inévitablement des conséquences sur les prestations et l’emploi, voire même sur le Conservatoire lui-même).

Lors de la manifestation du 1er décembre, les orateurs·trices ont rappelé les revendications de la fonction publique, à savoir :

  • le non-report de l’indice des prix à la consommation négatif (– 1,2 %) sur les salaires ;
  • le retour des mécanismes de progression salariale, supprimés unilatéralement par le gouvernement fin 2014 ;
  • le refus d’une nouvelle grille salariale, actuellement en discussion, réduisant massivement les salaires (8 millions en moins en 2017, puis 9 millions en moins par an dès 2018) ;
  • le refus des baisses de prestation, des suppressions d’effectifs prévus dans le plan financier 2017-2019 et des pressions financières de l’Etat sur les institutions subventionnées ;
  • le rejet de la politique des caisses vides : le SSP a notamment demandé de suspendre la dernière étape de la « réforme » de l’imposition des entrepri­ses (une revendication déjà for­mu­lée l’an passé par Laurent Debrot, député Verts – membre du groupe POP-Verts-solidaritéS, et rejetée alors par le Grand Conseil et le gouvernement).

 

Le SSP-Genève – où les fonctionnaires débrayaient ce même jour – a fait parvenir à la manifestation neuchâteloise un message de soutien. Il a du reste été souligné dans plusieurs interventions que des mesures de luttes plus musclées, y compris la grève, seront nécessaires pour combattre la politique d’austérité en pays britchon.

Hans-Peter Renk

* Syndicat des Services publics, Syndicat Autonome des enseignants, Syndicat des gendarmes et des agents de détention neuchâtelois, Syndicat de la police judiciaire neuchâteloise, Société des magistrats et fonctionnaires, Association neuchâteloise du personnel forestier.

 

 


Un budget d’austérité

 

Un semblant de « bras de fer » avait eu lieu entre la Commission financière (à majorité de droite) et le Conseil d’Etat. La droite préconisait des économies supplémentaires (8 millions) dans divers secteurs (Université, Hôpital neuchâtelois, Centre neuchâtelois de psychiatrie, subsides d’assurance-maladie, institutions d’accompagnement des adultes).

Certes, lors de la session du 3 décembre, des propositions (concernant l’Université et l’Hôpital) ne furent pas acceptées. Mais il est sûr que les tenants du massacre budgétaire à la tronçonneuse reviendront à la charge…

Le déficit 2016 se monte finalement à 14 millions (contre 12 millions dans le projet gouvernemental). Le budget 2016 a été accepté par 59 voix pour (de droite), 29 contre et 21 abstentions.

A 12 ou à 14 millions, l’austérité reste programmée. La droite PLR–UDC a fait passer une limite de 0,5 % en matière d’augmentation et le blocage de nouveaux engagements dans la fonction publique. L’application de la dernière étape de la « réforme fiscale » a été refusée, alors qu’une décision inverse a été prise pour l’imposition des particuliers. HPR