Droit des chômeuses et chômeurs menacés!

Droit des chômeuses et chômeurs menacés!

En juillet 2003, la 3e révision de la loi sur l’assurance chômage entrera en vigueur. Des milliers de chômeurs/euses de ce pays arrivés à leurs 400 indemnités se retrouveront sans ressource. Ils devront alors compter sur le revenu de leur conjoint-e, dépendre de l’aide sociale ou accepter un emploi précaire et mal rémunéré. A Genève, ils/elles bénéficieront encore de 120 indemnités supplémentaires, puisque le taux de chômage y est supérieur à 5%. Mais le Canton passera à la caisse pour couvrir 20% du coût de ces 120 indemnités. C’est dans ce contexte de précarisation accrue, que les député-e-s genevois de droite s’apprêtent à démanteler les mesures cantonales d’aide aux chômeurs/euses en fin de droit. SolidaritéS et l’ADG, par la voix de Nicole Lavanchy, ont exprimé au Parlement leur ferme intention de s’opposer au projet de loi déposé par les milieux bourgeois.


Le projet de loi proposé par la droite s’inscrit dans la logique du démantèlement progressif de la loi sur le chômage et du démantèlement des assurances sociales. L’objectif poursuivi, que ce soit au niveau fédéral ou cantonal, est d’envoyer le plus vite possible les assuré-e-s à l’aide sociale, qui propose des prestations financières ciblées, au seuil de la pauvreté. Effectivement, ce projet de loi vise uniquement à empêcher des chômeurs/euses bénéficiant de mesures cantonales de recouvrer un nouveau droit aux indemnités fédérales.

Précarisation accrue

Ce projet de loi va précariser un nombre important d’individus et de familles. Lorsqu’une personne perd ses revenus salariaux, puis ses ressources liées à une prestation d’assurance, elle dépend soit de l’aide sociale, soit du revenu de son conjoint. Dans un cas, comme dans l’autre, elle s’appauvrit considérablement. De même, les chômeurs/euses en fin de droit sont forcés d’accepter des emplois précaires, mal rémunérés ou au noir, ce qui contribue à fragiliser un marché de l’emploi déjà sinistré, ainsi que l’ensemble des travailleurs/euses de ce canton.

Pourtant, Genève, contrairement à de nombreux cantons, a refusé la 3ème révision de la loi sur l’assurance chômage. Ceci démontre l’attachement de sa population aux assurances sociales. Mais la droite n’en a que faire. Elle ne craint pas d’exploiter abusivement divers rapports pour appuyer ses propositions. Par exemple, l’étude du Pr. Flückiger de 2002 ne désigne pas les mesures cantonales comme seules responsables du taux de chômage élevé à Genève; l’Observatoire universitaire de l’emploi est plus nuancé, précisant bien la multiplicité des facteurs agissant sur ce taux!

20 demandes pour une offre

Malgré ce que disent les partis bourgeois, le marché de l’emploi est saturé. En Suisse, le SECO annonce 9000 places de travail vacantes pour 200000 demandeurs/euses. Cela donne une offre de travail pour 20 demandes. Et ce ne seront pas les chômeurs/eruses de longue durée, ni ceux/celles bénéficiant de l’aide sociale qui seront les premiers engagés.


Faire croire à la population que les mesures cantonales sont responsables du fort taux de chômage à Genève, c’est tout simplement insulter les chômeurs/euses de longue durée en les traitant de fainéants et de profiteurs! Alors que de nombreuses études démontrent la souffrance psychologique qu’ils/elles endurent.


La droite propose des formations au rabais pour les chômeurs/euses jeunes et non qualifiés, ce qui est nouveau. Rien pour les chômeurs/euses qualifiés! Elle prétend en effet qu’il y a des emplois, mais qu’ils ne correspondent pas à la formation des demandeurs/euses. Mais les formations qu’elle propose durent un maximum de 11 mois en emploi. Rien à voir avec une formation qualifiante et certifiée par un CFC, ou un autre diplôme, qui s’inscrit dans une durée d’au moins 2 ans. Ces formations ne sont que de la poudre aux yeux pour masquer la réduction des stages professionnels à 11 mois, au lieu de 12 actuellement. Ceci ne permettra plus aux bénéficiaires de recouvrer un nouveau droit aux indemnités fédérales. Au terme de ces 11 mois, ils devront recourir à l’aide sociale ou dépendre financièrement de leur conjoint ou conjointe!

Une manœuvre évidente

Concernant les allocations de retour à l’emploi, le projet de la droite suit la même logique. Elle supprime l’art., 35 al. 4 qui dit ceci: «la durée de la mesure est établie en fonction du nombre de mois de cotisation nécessaire au chômeur pour prétendre à son terme à de nouvelles indemnités fédérales».


Quant à l’emploi temporaire, il est aussi maintenu, mais sur des durées dépendant du taux moyen de chômage dans les cantons de Suisse romande. Ainsi, les chômeurs/euses en emploi temporaire pourront bénéficier de cette prestation sur 12 mois, uniquement si le taux chômage romand se situe à 5% ou au-delà! Avec ce système, la possibilité pour tous les chômeurs/euses du canton de Genève de recouvrer un nouveau droit aux indemnités fédérales est supprimé!


La manœuvre est clair. Ce projet de loi n’apporte aucune amélioration des mesures cantonales. Il vise simplement à rendre encore plus précaire la situation des chômeurs/euses qu’elle en les faisant dépendre plus vite de l’aide sociale ou de leur conjoint ou conjointe. De même, ce projet contribue à fragiliser un marché de l’emploi déjà sinistré en forçant des chômeurs/euses à accepter plus vite un travail précaire et mal rémunéré. Pour toutes ces raisons, solidaritéS et l’ADG s’opposeront très fermement à ce projet de loi au Parlement, et si nécessaire, par voie référendaire.


Nicole LAVANCHY