Victoire d'étape à la buanderie

A Fribourg, la buanderie de l’Hôpital cantonal fribourgeois (HFR) court le risque de se voir privatiser dans les prochains mois. Face à une direction qui ne voulait rien entendre, des mobilisations se sont révélées nécessaires. Deux jours de grève et une manifestation auront permis aux salarié·e·s d’obtenir gain de cause sur l’ensemble de leurs revendications. Un exemple à suivre pour la défense du service public!


Manifestation du 13 juin

Des négociations avaient été entreprises avec le Bureau du Conseil d’administration de l’HFR, afin de réaliser une étude chiffrée sur le maintien d’une buanderie publique pour les 8 à 10 prochaines années. En effet, le projet de privatisation ne repose sur aucune documentation sérieuse et sur aucun projet concret. Les chiffres à disposition du Syndicat des services publics de Fribourg (SSP-FR) indiquent que le coût du maintien d’une buanderie publique serait inférieur à celui d’une privatisation.

Quelle logique, donc, derrière ce projet? Dans un premier temps, le Conseil de Direction a déjà refusé de réaliser une telle étude. Dès lors,, pour sauver la buanderie publique, de larges mobilisations ont été nécessaires, afin que les revendications soient entendues! En ce sens, une conférence de presse a été organisée le mercredi 7 juin, par notre camarade et secrétaire syndical du SSP-FR, Gaétan Zurkinden. Outre les médias locaux (RadioFR, La Liberté, La Gruyère, ainsi que les Freiburger Nachrichten), de nombreuses organisations politiques et syndicales (UNIA, les Verts, le PS, Attac, soldiaritéS) y étaient présentes.

Défendre le service public

A l’occasion de la conférence du 7 juin, les représentant·e·s politiques et syndicaux se sont exprimés sur la défense générale du service public, la destruction de plus de 30 places de travail, l’amateurisme démontré par la Direction de l’HFR, l’absence de volonté de négocier de la part de la Direction, ainsi que sur la décision de se mettre en grève à partir du lundi 12 juin, pour une durée indéterminée. A ce titre, la section fribourgeoise de solidaritéS est également intervenue, afin de rappeler l’importance de l’union de la gauche face à ce démantèlement général ainsi que la nécessité de se mobiliser massivement pour une manifestation de soutien le 13 juin.

Voici le discours que nous y avons prononcé:

«La situation que la buanderie de l’Hôpital cantonal connaît en ce moment n’est pas un événement anodin et isolé pour notre canton. En effet, les souvenirs de la privatisation de la buanderie de l’Hôpital de Marsens, ainsi que celle de la crèche de l’HFR – les deux en 2015 – sont encore très présents dans nos esprits. On se rappelle surtout que ces projets avaient déjà été portés par une ministre socialiste, Mme Anne-Claude Demierre. Actuellement, le Bureau du Conseil d’administration de l’Hôpital cantonal de Fribourg est composé de deux membres du Parti socialiste fribourgeois: la Conseillère d’Etat en charge de la santé et des affaires sociales Mme Anne-Claude Demierre – déjà citée – et M. Pierre Aeby, ancien Conseiller d’Etat.»

Ce constat, fait dans ce moment difficile pour la trentaine de travailleuses et travailleurs, amène solidaritéS-Fribourg à lancer un appel à ses «camarades» socialistes: après avoir privatisé plusieurs autres services, nous demandons à Mme Demierre et M. Aeby de voter – pour une fois – selon les principes de la gauche pour ainsi sauver le sort de la Buanderie et des travailleurs·euses qui lui sont dévoué·e·s, souvent depuis de nombreuses années. Leur avenir professionnel est véritablement entre les mains de ces deux personnes.

Qualité des services et conditions de travail

Le service public n’est pas une prestation comme une autre: il ne peut pas et ne doit pas être géré selon les logiques du libre marché, où la recherche de profits et de réductions des coûts priment sur les salarié·e·s et leurs conditions de travail. Ce processus néolibéral de démantèlement des services publics nécessite plus que jamais que la gauche soit unie et solide pour lui faire front. Dans ce sens, il est important que nos élu·e·s – d’autant plus socialistes – se rappellent que cette privatisation se fait à nouveau sur le dos de personnes qui travaillent durement, de manière quotidienne et dévouée.

Il s’agit non seulement de mettre en avant la pertinence et l’importance des services publics dans notre société, mais également de défendre les emplois qui y sont menacés. Garantir leurs conditions de travail, directement en lien avec la qualité d’un bon service public, nous paraît tout à fait fondamental. Faisons valoir les valeurs de la gauche, sinon qui les défendra? Dans l’hypothèse où ces deux membres du PS fribourgeois soutiendraient cette privatisation, il conviendrait malheureusement qu’il·elle redéfinissent leur appartenance politique de manière transparente.

Une mobilisation exemplaire

Face à ces menaces de privatisations et de licenciements, le personnel a fait grève les 12 et 13 juin, et une manifestation a été organisée à l’issue de la deuxième journée de débrayage. Une lutte qui a porté ses fruits, puisque le personnel a obtenu gain de cause sur l’entier de ses revendications:

  1. La réalisation d’une étude sur la possibilité de maintenir une Buanderie publique à l’HFR;
  2. L’ouverture de négociations une fois les conclusions de l’étude connues;
  3. La garantie écrite que, quelle que soit la décision prise, l’ensemble des salariés de la Buanderie se verront proposer un emploi équivalent au sein de l’HFR.

Cet accord est un excellent signal: il montre qu’il est possible de s’opposer, avec succès, aux logiques de privatisation au sein du service public, en l’occurrence dans le secteur de la santé.

Alberto Silva