Personnel des soins et droit de grève

Personnel des soins et droit de grève : Mobilisation massive pour un droit démocratique

Le personnel des soins se mobilise massivement, dans le canton de Fribourg, pour défendre un droit démocratique fondamental: le droit de grève. Ainsi, une pétition munie de plus de 1400 signatures a été remise au Conseil d’Etat lundi 21 août.

IntituléeService public – Droit de grève – Ne muselons pas le personnel des soins!, cette pétition demande au Conseil d’Etat de renoncer à l’interdiction du droit de grève qu’il envisage de décider, dans le cadre de la révision partielle de la Loi sur le personnel de l’Etat de Fribourg (LPers). La pétition a été lancée par le SSP avec le soutien, notamment, de solidaritéS. Le gouvernement devrait se déterminer dans les prochains jours sur cette revendication.

Le personnel des soins ne se laissera pas faire

La pétition a été lancée le 14 juillet, et a recueilli 1400 signatures en 4 semaines à peine – soit celui de 25% de l’ensemble des salarié·e·s travaillant dans les établissements de soins (HFR, RFSM, EMS, réseaux de soins). Le succès de cette pétition dans un laps de temps court, et de surcroît durant la période des vacances d’été, montre l’importance de la mobilisation du personnel des soins pour défendre le droit de grève.

Les salarié·e·s travaillant dans le secteur de la santé n’accepteront pas que le Conseil d’Etat biffe d’un trait de plume un droit constitutionnel qui est reconnu au personnel des soins dans l’ensemble des cantons romands – à l’exception du Valais, qui connaît un contexte très particulier – et dans l’immense majorité des cantons alémaniques.

Affaiblissement de la fonction publique dans son ensemble

L’interdiction du droit de grève pour le personnel des soins ne ferait pas que priver les salarié·e·s travaillant dans le secteur de la santé d’un moyen de défense incontournable. Mais elle affaiblirait également l’ensemble de la fonction publique et parapublique fribourgeoise.

Le personnel des soins représente près de 25% – 22% pour être précis – de la fonction publique fribourgeoise (4000 salarié·e·s qui travaillent dans le « secteur des soins », sur 18 000) et la moitié des salarié·e·s travaillant dans le secteur dit parapublic (2500 salarié·e·s sur 5000). Au total, c’est donc 30% du personnel du secteur public et parapublic fribourgeois – 6500 sur 23 000 – qui auraient l’interdiction complète et totale d’utiliser un droit reconnu par la Constitution fribourgeoise et fédérale.

Prestations vitales garanties

Suite à la première phase de consultation – lors de laquelle le Conseil d’Etat a réitéré son intention d’interdire le droit de grève au personnel des soins – le SSP – région Fribourg a demandé au Conseil d’Etat de revenir sur cette décision, et de reconnaître le droit de grève au personnel des soins.

Même en cas de grève, les prestations essentielles et vitales seront garanties à la population fribourgeoise, puisqu’un service minimum sera organisé. Si le gouvernement devait persister dans son intention d’interdire la grève au personnel des soins, des mobilisations seront sans aucun doute organisée.

Gaétan Zurkinden


La grève: un instrument à normaliser

Durant tout le 20e siècle, et jusqu’en 2015, la grève a été un tabou au sein de la fonction publique et parapublique fribourgeoise. Ainsi, avant 2015, il n’y avait jamais eu de grève au sein de la fonction publique ou parapublique fribourgeoise, contrairement à d’autres cantons romands – Vaud, Genève, Neuchâtel – qui, tous, connaissent de forts mouvements de grève à intervalles réguliers.

Lors du seul mouvement qui aurait pu s’apparenter à un arrêt de travail – le 20 mars 2003, un time-out a été organisé dans les écoles – le Coprésident de la Fédération des associations fribourgeoise d’enseignants (FAFE) réfutait même le terme de « grève »: «Il ne s’agit en aucun cas d’une grève, c’est un moment d’arrêt pour informer.» (La Gruyère, 6 mars 2003)

Le succès de deux des trois grèves qui ont été menées depuis 2015 dans la fonction publique fribourgeoise – celle de la Buanderie de Marsens (BEM) et de la Buanderie de l’HFR – crédibilise la grève en tant qu’instrument qui permet d’obtenir des résultats concrets. A l’image des autres cantons romands, la grève doit, dorénavant, se normaliser et être utilisée pour défendre les intérêts des salarié-e-s lorsque cela est nécessaire, notamment lors de plans d’austérité qui touchent l’ensemble de la fonction publique et parapublique fribourgeoise.  GZ