Sécurité alimentaire
Sécurité alimentaire : Un texte qui ne résout rien!
Dimanche, les citoyen·ne·s ont décidé de soutenir nettement le contre-projet du Conseil Fédéral sur la sécurité alimentaire. Un vote que nous regrettons puisqu’il ne résout aucun des problèmes auxquels sont confrontés les agriculteur·trice·s, les travailleur·euse·s agricoles et les consommateur·trices en Suisse, et qui inscrit des articles dangereux dans notre Constitution. Une préoccupation réelle.
Avec plus de 78 % des suffrages exprimés, le texte proposé par le Conseil Fédéral sur la sécurité alimentaire a récolté un soutien net dans la population. Ce soutien traduit une préoccupation importante et saine au sein de la population Suisse, à savoir le souci des conditions de production des produits agricoles. Si cette préoccupation est honorable, sa matérialisation dans le texte de loi voté dimanche dernier est ô combien problématique.
En effet, tout d’abord, il ne résout pas les grands problèmes auxquels sont confrontés les acteur·trice·s du monde agricole, telles les conditions de travail, les conditions de rémunération, l’interdiction des OGM, la pression sur les prix, etc. Avec de grands principes, peu clairs et mal définis, ce texte ne prévoit aucune solution réelle et durable. Le seul élément tangible et positif est la préservation des terres agricoles.
Une logique néolibérale renforcée
Mais en plus de fournir un cadre insuffisant face aux défis de l’agriculture Suisse, ce contre-projet inscrit dans la Constitution des articles dangereux. La soumission de l’agriculture aux lois du marché et aux traités internationaux s’oppose à une vision durable de celle-ci. Comment respecter des traités de libéralisation du marché des produits agricoles, de mise en concurrence des agriculteurs de tous les pays, ou encore valider le rôle des deux grands distributeurs Migros et Coop en Suisse, tout en garantissant la production de biens de consommation respectant des normes sociales et environnementales satisfaisantes? C’est tout simplement impossible. Seul une rupture sérieuse avec la grande distribution et le néolibéralisme, accompagnée de l’adoption de règles sociales et environnementales fortes et contraignantes, peuvent nous garantir des produits de qualités réalisés dans de bonnes conditions. En bref, cette votation ne réglera rien et le soutien à l’initiative sur la souveraineté alimentaire sera d’autant plus déterminant pour l’avenir. Rendez-vous donc en 2018!
Pablo Cruchon