Cinéma

Cinéma : Le jeune Marx de Raoul Peck - Plongée dans l'Europe du 19e siècle

Plongée dans l’Europe du 19e siècle

Comme son nom l’indique, le nouveau film de Raoul Peck, réalisateur haïtien, s’attache aux jeunes années de la vie de Karl Marx, jusqu’à l’écriture du Manifeste du Parti Communiste en 1848. Immersion dans une époque, mais aussi dans la vie d’un grand militant et théoricien qui reste une référence pour un mouvement comme solidaritéS.

On y découvre les hommes et femmes de sa vie, ceux et celles qui ont participé à l’œuvre prolifique et capitale que l’on connaît. Parce que, et c’est une des forces du film, le grand homme n’est jamais seul. Tout d’abord, il y a Jenny, sa compagne, qui en plus d’assurer les tâches ménagères et l’éducation de leurs enfants, participe très activement à son travail politique et intellectuel. Ensuite, Engels, avec qui il développe une amitié profonde et grâce à qui il affinera sa pensée. Et enfin, Mary Burns, ouvrière de Manchester et compagne d’Engels, qui les intégrera à certains groupes radicaux, notamment la ligue des justes, qui sera rebaptisée plus tard «ligue des communistes» sous l’influence de Marx et d’Engels.

On plonge également dans l’Europe du milieu du 19e siècle. On s’attarde dans les usines dont Engels père est le propriétaire et les bas-fonds ouvriers de Manchester. On assiste à un meeting politique joyeusement chaotique à Paris où l’on sera témoin d’une joute verbale jouissive entre Proudhon, Bakounine et Marx. On s’introduit dans les salons parisiens feutrés où l’on parle de Hegel. Car c’est l’une des autres forces du film: montrer l’atmosphère intellectuelle et politique bouillonnante qui agite le Vieux Continent à ce moment-ci de son histoire, atmosphère qui finira par mener au Printemps des Peuples de 1848.

On peut tout de même questionner certains choix formels du réalisateur. En effet, la mise en scène est plate (presque autant qu’un téléfilm), la narration est linéaire, le film tire parfois en longueur et le média qui en ressort est donc tout sauf révolutionnaire. Néanmoins, au-delà de sa valeur purement cinématographique, Le Jeune Karl Marx a eu au moins le mérite de démystifier cette figure, qui peut parfois nous sembler écrasante, et de nous montrer à quel point sa pensée, en plus d’être la sienne, est le produit de son époque et des personnes autour de lui.

Maimouna Mayoraz