Solidarité avec la communauté LGBTIQ en Egypte

Le 22 septembre 2017 au Caire, des drapeaux arc-en-ciel, symboles de la lutte pour les droits des personnes LGBTIQ, ont été brandis durant un concert du groupe libanais Mashrou’ Leila. Depuis, la police mène une répression sans précédent contre la communauté.

A la suite de la publication d’images du concert sur les réseaux sociaux, des personnalités politiques et religieuses ont condamné les spectateurs·trices agitant le drapeau arc-en-ciel. Les forces de police et de sécurité ont alors arrêté des dizaines de personnes, LGBTIQ ou perçues comme tel, dont la plupart n’ont aucun lien avec le concert. A ce jour, on dénombre au moins 57 incarcérations et huit condamnations à des peines d’un à six ans d’emprisonnement.

Certaines accusations font état de «débauche» ou de sa «promotion», selon les articles 9 et 10 de la loi anti-prostitution et de débauche de 1961. D’autres portent sur la «facilitation de la débauche», ou encore l’appartenance à un groupe interdit, perturbant des dispositions de la Constitution et de la loi en incitant à la «déviance». La terminologie révèle le caractère homophobe de ces lois, utilisées par la justice pour contourner l’absence de pénalisation explicite de l’homosexualité en Egypte.

Les arrestations, les interrogatoires et les actes d’accusation regorgent de violations flagrantes du droit à un procès équitable. Les personnes emprisonnées n’ont pas pu exercer leurs droits constitutionnels pour contacter leurs familles et choisir leurs avocats. Elles ont également subi des menaces et des actes de tortures, dont des «examens anaux» visant à «prouver» leur homosexualité.

Les médias égyptiens jouent également un rôle criminel en appelant les forces de l’ordre à réprimer les personnes LGBTIQ, arguant qu’elles constitueraient une menace pour les valeurs morales du pays.

Le groupe de pop rock Mashrou’ Leila, engagé en faveur de la cause LGBTIQ, a dénoncé dans une déclaration sur Facebook une «chasse aux sorcières». Déjà persona non grata en Jordanie, le groupe libanais ne devrait plus pouvoir se produire en Egypte à l’avenir, comme l’a annoncé le très conservateur Syndicat des musiciens.

Cette nouvelle campagne de répression contre les LGBTIQ ne constitue pas un incident isolé ni une nouveauté. 232 personnes identifiées LGBTIQ ont été arrêtées entre le dernier trimestre de 2013 et le mois de mars 2017. La plupart ont été condamnées en lien avec les lois anti-prostitution et de débauche.

A l’heure où nous écrivons, cette persécution se poursuit et de nombreuses personnes sont en fuite.

Solidarité avec les LGBTIQ et contre toutes les formes d’oppressions!

Joseph Daher