Conseil d'État

Conseil d'État : Il en manque une

Difficile de s’intéresser vraiment à l’élection complémentaire du 4 mars. Difficile également de l’ignorer complètement. Une place est vacante au Conseil d’Etat et elle doit être occupée par une femme.

Cette élection est provoquée par la démission de Marie Garnier. Issue d’une famille libérale-­radicale, compagne du rejeton d’une dynastie PDC, ancienne stagiaire au PS avant de passer chez les Verts, Marie Garnier avait de quoi ratisser large lors des élections. Son inconsistance politique la portait cependant vers la droite. Interpellée sur la réforme fiscale lors d’un débat télévisé, elle répond: «Je ne vois pas quel est l’enjeu majeur de cette RIE3. Il faut changer de sujet». Heureusement, le peuple fribourgeois a montré plus de clairvoyance.

D’un point de vue anticapitaliste, il n’y a pas d’énormes différences entre une candidature libérale-­radicale, sociale-libérale ou verte. Une fois au gouvernement, ces braves gens se fondent dans la même gestion collégiale de l’Etat bourgeois. En tenant compte de l’agenda cantonal 2018 (réforme fiscale, ouverture des magasins), on peut quand même procéder par élimination.

Il y a d’abord les inévitables candidatures folkloriques. Celle de Maya Dougoud, ni à gauche ni à droite, aucune idée. Celle de Claudio Rugo, engagé dans quelques campagnes (RIE3, PV2020) mais largement farfelu. Philippe Nahum, du Parti bourgeois-démocratique, «vise le haut niveau» mais fait sans aucun doute partie de cette catégorie.

On trouve ensuite la tentative désespérée de l’UDC de retrouver un fauteuil au gouvernement. Pierre-André Page et Stéphane Peiry s’y sont cassé les dents. C’est au tour du président Schläfli: ce sera plutôt sympa de voir la candidature réactionnaire échouer à nouveau. Le PLR entend défendre son rôle de meilleur représentant des intérêts bourgeois. Il refuse de soutenir le candidat UDC et lance dans la course son ancien président Didier Castella.

Sylvie Bonvin-Sansonnens veut maintenir une présence du groupe Vert Centre Gauche au gouvernement. Mais la députée broyarde voit mal les enjeux. Lors de l’apéro des gauches, elle a justifié son soutien à l’ouverture prolongée des magasins: «On a discuté avec les commerces. Si on ne prolonge pas les horaires fribourgeois, les gens iront faire leurs courses à Payerne». On oublie.

Reste la conseillère nationaleValérie Piller Carrard. Elle s’est engagée contre la réforme fiscale et se prononce contre les ouvertures prolongées des magasins. Son élection empêcherait l’arrivée d’un deuxième PLR et d’un sixième mec au gouvernement.

Pierre-André Charrière