Lausanne

Lausanne : Contre les violences policières et le racisme d'État

Le 10 mars 2018, le Collectif Jean Dutoit a organisé une manifestation à Lausanne, soutenue par solidaritéS Vaud. Près de 800 manifestant•e•s se sont rassemblés pour rendre hommage à Mike Ben Peter, père de famille d’origine nigériane, tué lors – ou à la suite – d’un contrôle préventif le mercredi 28 février 2018.


Rassemblement devant le Conseil communal de Lausanne, 20 mars – François Graf – Strates

Les violences policières à l’encontre des Noir•e•s à Lausanne, dans le canton de Vaud et ailleurs en Suisse ne sont pas récentes. Il y a trois mois de cela, Lamin Fatty, 23 ans, a perdu la vie dans les locaux de la police lausannoise. Pris pour un autre, il est mort dans une cellule dans la nuit du 24 octobre 2017. Il y a environ une année, Hervé Mandundu a également perdu la vie à cause de la police. Cet homme d’origine congolaise (RDC) a été abattu lors d’une intervention policière dans son immeuble, le dimanche 6 novembre 2016.

Ces décès récurrents, touchant une même population et dus à l’action des forces de l’ordre, symbolisent cruellement ce que vivent les personnes noires: profilage racial, délit de faciès, violences policières, humiliation, dénigrement, insultes, et dans le pire des cas, la mort. Toutes ces stigmatisations ont un nom: le racisme d’Etat.

C’est dans ce contexte alarmant que les 800 manifestant•e•s de samedi ont souhaité exprimer leur colère et leur incompréhension. Lors de la manifestation, les slogans: Justice for all (Justice pour tou•te•s), Justice for Mike (Justice pour Mike) ou encore Who killed Mike? Police! (Qui a tué Mike? La police!) furent scandés. De nombreux témoignages dénoncèrent la vulnérabilité du statut légal et de la situation en Suisse des Noir•e•s (voir encart). Victimes du racisme d’Etat, leur statut ne leur permet pas de trouver du travail, un logement ou tout simplement d’avoir accès à l’espace public au même titre que tout•e autre habitante·e de ce pays.

solidaritéS tient la Municipalité de Lausanne politiquement responsable de cet acte. Des solutions concrètes doivent être rapidement envisagées par les autorités. Nous demandons la création d’une instance indépendante de dépôts de plainte et l’instauration d’un reçu automatiquement délivré à chaque interpellation policière. Afin de combattre le délit de faciès et le racisme ordinaire qu’endurent les personnes de couleur, solidaritéS lutte également pour que tout·e·s les migrant·e·s soient régularisés. Il est temps que les discriminations et les stigmatisations cessent.

Leïla Sahal


L’aveu de la CFR

Rappelons que la Commission fédérale contre le racisme a constaté dans un texte récent que: «En Suisse, les personnes noires sont particulièrement touchées par le profilage racial, ou «délit de faciès». Ce phénomène désigne le fait, pour des policiers, agents de sécurité ou gardes-frontières, de contrôler quelqu’un sans qu’il y ait aucune raison concrète de le soupçonner, par exemple uniquement en raison de sa couleur de peau. Généralement taboue, cette problématique est trop rarement abordée au sein des autorités en question.» De manière générale, précise la CFR: «les 100 000 personnes noires en Suisse sont susceptibles de vivre une situation particulière: attaques physiques et verbales, sans instruments de soutien, avec le sentiment de se sentir dévalorisé et étranger à la société suisse.»