Agressions étudiant·e·s à Montpellier

Agressions étudiant·e·s à Montpellier : L'extrême-droite soutenue par l'Université

Le 22 mars, à l’issu d’une manifestation étudiante contre la loi ORE (la loi Orientation et réussite des étudiants, aussi appelée loi Vidal, adoptée le 15 février 2018), une assemblée s’est tenue dans une fac de droit de Montpellier. Les personnes présentes ont décidé d’occuper symboliquement un amphi pour la nuit. Alors que l’occupation se déroule dans le calme, le préfet ayant renoncé à envoyer la police, une bande de nervis cagoulés et armés de planches en bois fait irruption et agresse les personnes présentes. Des vidéos témoignent de la violence de cette attaque inattendue. Ces faits viennent encore renforcer un contexte de répression d’Etat, soutenue par la complicité de la bourgeoisie.

Ce mode d’action propre à l’extrême droite interpelle. Mais plus inquiétant encore est la complicité, avérée ou soupçonnée, du doyen, de certains professeurs, voire de la police. En effet, les agresseurs ont pénétré par une porte qui avait été cadenassée par le doyen et qu’il a vraisemblablement ouverte. Une vidéo le montre en compagnie de plusieurs professeurs, en train d’applaudir l’expulsion violente des manifestant·e·s. Après les faits, il est apparu dans une vidéo, se disant «fier de [ses] étudiants» qui avaient délogé les occupant·e·s. Le scandale qui a suivi l’a poussé à démissionner. Plusieurs témoins affirment également avoir reconnu des professeurs parmi les agresseurs. Ces événements sont par trop révélateurs d’un climat malsain, qui profite à l’extrême droite. Celle-ci a été galvanisée par cette agression et reste mobilisée dans la ville, notamment la Ligue du Midi.

Beaucoup des victimes n’ont toujours pas été entendues par la police. Pire, un témoin a été victime de pressions lors de sa déposition. Mediapart a pu se procurer un enregistrement de l’entretien et a cité le policier, qui a notamment déclaré à la personne interrogée: «Moi c’est pas de témoin, je vous pète les genoux ; des témoins, c’est diffamation hein. Là, vu que vous avez diffusé ça au ministère et tout, préparez-vous à avoir des retours de bâton». Un élément supplémentaire qui met en évidence que les événements de la fac de Montpellier ne peuvent pas être compris comme un simple dérapage d’un groupuscule. Nous assistons à la matérialisation de la montée de l’extrême droite.

Il est donc fondamental que justice soit faite dans cette affaire et que les agresseurs ne bénéficient pas d’impunité. Le rôle des responsables de l’Université de Montpellier ne doit pas être occulté. Car cela pourrait encourager d’autres attaques de ce type. Le 6 avril, des personnes masquées ont attaqué l’Université Paris 1 Tolbiac, également occupée. Les étudiant·e·s mobilisés ont cette fois réussi à bloquer l’accès et repousser l’attaque.

Jean Burgermeister