Les étudiant·e·s en révolte pour le droit à l'éducation

Le 24 mars a eu lieu une manifestation nationale pour l’éducation, à l’appel d’une coalition d’organisations estudiantines et syndicales. Retour sur les raisons qui ont mené près d’un millier d’étudiant·e·s dans les rues de la capitale.


Jorge Lemos

Les attaques se multiplient contre l’éducation publique supérieure: hausses des taxes d’études, transformation progressive de bourses en prêts, généralisation des stages peu voire pas payés, etc. Ces attaques touchent à l’accès démocratique aux études supérieures et aux conditions matérielles des étudiant·e·s.

Derrière le prétexte budgétaire, une offensive idéologique est à l’œuvre. L’éducation ne devrait plus être un droit, avec un objectif émancipateur, mais un bien de consommation permettant d’accroître son «capital humain» et d’être plus compétitif sur le marché du travail. En somme, l’éducation devrait être au service du capital.

La résistance s’organise

Refusant le démantèlement de l’éducation publique, l’érosion des droits des étudiant·e·s et la dégradation de leurs conditions de vie, une dizaine d’organisations estudiantines et syndicales ont formé une coalition nationale: Action_Education. Celle-ci vise à rapprocher les luttes cantonales pour les faire converger aux niveaux national et mondial.

A ce titre, une semaine d’actions a été lancée dès le 19 mars: tracts, repas, conférences et occupations ont mis en lumière les difficultés des étudiant·e·s aujourd’hui. Ces actions cherchaient aussi à agiter les lieux de formation en vue du 24 mars. Ce jour-là, plus d’un millier d’étudiant·e·s se sont rassemblés à Berne. Malgré les tentatives de récupération, les étudiant·e·s ont ouvert une brèche. Nous avons montré que nous existions politiquement et que nous pouvions prendre nous-mêmes en charge la défense de nos intérêts.

Le 24 mars a marqué le début d’un mouvement étudiant de lutte à l’échelle du pays.

Ilir Ahmeti

action-education.ch


Répondre à la néolibéralisation des universités

Le 27 mars, le groupe étudiant de solidaritéS Vaud et le Groupe Regards Critiques organisaient une conférence titrée «L’université, une entreprise comme les autres? Le néolibéralisme à l’assaut des hautes études». Le contexte universitaire est à la promotion d’un «esprit entrepreneurial», à l’augmentation continue de la part de financements privés, à la précarisation des contrats de travail.

Une discussion critique s’imposait. Elle a été introduite par Antoine Chollet, chercheur en pensée politique à l’UNIL et membre du Syndicat des services publics (SSP), et Raphaël Ramuz, secrétaire syndical en charge de l’enseignement au SSP. Tous deux ont donné des jalons historiques et des clés de compréhension permettant de mieux appréhender le phénomène. Une riche discussion a suivi leurs interventions, durant laquelle l’organisation d’une résistance étudiante a beaucoup été évoquée.

Marie Jolliet


Révolte pour l’éducation à l’Uni de Fribourg

Stop La Hausse a organisé une semaine d’actions pour défendre une université accessible à tou·te·s. Au Centre Fries, le film de Christian Labhart, Education is not for sale, a été projeté. Ce film, sorti en 2011, porte sur l’occupation d’un auditoire de l’Université de Zurich par des étudiant·e·s opposés à l’augmentation des taxes d’études, à l’esprit de rentabilité et à l’organisation antidémocratique de l’université.

Un débat sur le rôle de l’université et son financement a aussi été organisé. Il a réuni la députée Andrea Burgener Woeffray, le Président du Sénat de l’Université Didier Castella, le secrétaire général du rectorat Fabian Am­schwand, ainsi que deux étudiants.

Enfin, une conférence sur les perspectives pour un travail scientifique digne a été donnée par une chercheuse et un chercheur de l’Université de Berne.

La manifestation nationale du 24 mars a marqué l’aboutissement de ces actions.

Raffaella Willig