La droite torpille l'égalité salariale

Au Grand Conseil, la droite est à la manœuvre pour éviter toute mesure contraignante sur l’égalité salariale entre femmes et hommes. Le 25 mai, un amendement du PDC a permis de vider de sa substance un texte d’Ensemble à Gauche et de ne surtout rien résoudre.

Début mars, Ensemble à Gauche, le PS et les Verts déposaient une série d’objets parlementaires en faveur de l’égalité salariale entre femmes et hommes. En particulier, une résolution EàG adressée aux Chambres fédérales réclamait une modification de la législation fédérale. L’objectif: donner la possibilité aux cantons de contrôler et de sanctionner les employeurs ne respectant pas l’égalité salariale.

Fin mai, la droite au Grand Conseil a vidé le texte d’EàG de sa substance avant de le voter. La nouvelle version ne prévoit plus de contrôles ni de sanctions. À la place, elle reprend les principes de la politique déjà en vigueur, misant sur la bonne volonté des entreprises, sans rien y ajouter. Pas de quoi en finir avec l’échec de la loi sur l’égalité, datant de 1995.

Une justice à géométrie variable

Plus personne n’ignore qu’il ne suffit pas de décréter l’égalité pour qu’elle s’inscrive dans les faits Ce d’autant plus que quiconque a pu mesurer que l’égalité face à la loi est une illusion. Ainsi, pour le citoyen lambda, la loi s’applique: «dura lex, sed lex», la loi est dure, mais c’est la loi. Pire, «nul n’est censé ignorer la loi».

Pourtant, depuis que le principe de l’égalité homme-femme a été inscrit dans la Constitution fédérale en 1981, et que la loi sur l’égalité, la LEG, a été votée en 1995, de nombreuses entreprises, avec le silence complice des partis de droite, continuent à violer la loi en toute impunité.

Le PDC permet à la droite d’esquiver

Une fois encore, une fois de trop, la majorité de droite a esquivé son devoir de défendre la loi et de la corriger si elle n’est pas suffisamment contraignante. La résolution d’EàG introduisait principalement la possibilité de sanctionner les employeurs qui persisteraient à ne pas appliquer l’égalité de traitement. Les partis de droite, pour ne pas assumer leur volonté de faire perdurer le statut quo, ont voté l’entrée en matière sur la résolution et ont fièrement claironné leur soutien à la résolution. Mais ils ont surtout voté un amendement du PDC supprimant cette possibilité d’appliquer des sanctions. Notre groupe a tenté sans succès de retirer le projet de résolution qui n’avait plus de sens. En vain. Nous n’avons pas même pu refuser ce texte, occupé·e·s que nous étions à signaler notre intention de le retirer.

Le ridicule ne tue pas

Ainsi, heureusement que le ridicule ne tue plus, car le Parlement genevois devrait envoyer à Berne une résolution disant qu’il faut appliquer la loi. Mais le pire, ce sont les basses motivations à l’origine de cette mascarade. Après le vote, des membres du PDC, fauteurs de l’amendement, évoquaient deux arguments: il faut attendre de voir comment l’égalité pourrait être obtenue en contrepartie de disposition sur la prévoyance vieillesse, et voir si celle-ci pourrait finalement faire l’objet de contreparties dans le cadre des mesures de compensation de PF 17.

On comprend mieux dès lors, ce conseil d’attendre 6 mois et de représenter notre résolution si rien n’a évolué entre-temps. Si tant est que l’on puisse considérer comme une évolution le fait de se faire payer avec ce qui nous est dû, avec notre propre argent.

L’égalité, la droite préfère en parler plutôt que de garantir son application. Elle s’apprête à brader nos droits et l’argent de la République en tentant de nous faire croire que nous aurons réalisé de grandes conquêtes sociales. À l’instar des trains, une bassesse peut toujours en cacher d’autres.

Jocelyne Haller