L'austérité, religion d'État

Jeudi 13 septembre, le Conseil d’État genevois livrait aux élu·e·s et au public sa vision politique et budgétaire pour la législature en cours.


Manifestation anti-austerité, 28 mai 2016, Genève – Annette Dubois

Ce fut une présentation dénuée de choix politiques forts faisant surtout l’impasse totale sur le principal enjeu de la législature, à savoir PF17/RFFA. Quant au projet de budget 2019 lui-même, il s’inscrit dans la continuité des politiques d’austérité de ces dernières années.

En dévoilant son plan financier quadriennal, le Conseil d’État, englué dans la crise Maudet, a démontré son manque de vision pour le développement du canton et se borne à une gestion néolibérale attaquant en premier lieu les travailleurs·euses et les plus précaires.

L’absence de projection concernant l’énorme cadeau fiscal aux grandes entreprises prévu par la réforme de l’imposition des entreprises est ressorti de manière criante. Le Conseil d’État a d’ailleurs admis son incapacité à évaluer les effets de cette réforme à moyen terme. Dans ces conditions quelle valeur peut avoir un «plan quadriennal» n’incluant pas la refonte de l’imposition des entreprises pour laquelle le gouvernement se bat et qui aura un impact déterminant sur les recettes et donc sur la capacité d’agir de l’État?

Un plan quadriennal antisocial

Les seules propositions marquantes du plan quadriennal sont une attaque frontale contre les services publics, une mise à contribution des catégories les plus précaires du canton et un report de charges sur les communes.

Loin des efforts «équilibrés» annoncés par le Conseil d’État, la fonction publique supporte, à elle seule, près de la moitié des 596 millions d’économies sur les quatre prochaines années (281 millions).

Le Conseil d’État prévoit également des économies sur le dos des personnes les plus pauvres: multiplication par quatre de la taxe personnelle (21 mio) et réforme de l’aide sociale (45 mio). Enfin, le gouvernement entend confier de nouvelles charges aux communes pour un montant de 90 millions par an.

Un projet de budget à combattre

Le projet de budget 2019 propose essentiellement des mesures d’économie sur le dos des services publics et des prestations. Avec la suppression de l’annuité, la non-indexation des salaires et surtout la mise en place d’un système de dumping salarial au sein de l’État (engagement du personnel deux classes en dessous durant les deux premières années), ce n’est pas moins de 78,7 millions que le gouvernement veut économiser.

La détérioration inacceptable des conditions de travail se double de mesures directes contre les usagers·ères, notamment l’augmentation de la contribution personnelle aux soins à domicile (3 mio) et la limitation des accès des élèves résidant en France aux écoles genevoises (0,6mio). Si nous saluons l’engagement de taxateurs supplémentaires, nous déplorons qu’ils soient toujours en nombre très insuffisant pour assurer le respect des lois fiscales par les gros fraudeurs.

Une mobilisation nécessaire

Avec ce projet, le Conseil d’État, qui compte pourtant un socialiste de plus, même si on peut se demander à quoi il sert, refuse toujours autant de prendre en compte l’augmentation des besoins de la population (vieillissement, paupérisation, besoins accrus de formation).

Dans un contexte d’explosion des inégalités sociales, l’État devrait, au contraire, renforcer massivement son rôle de redistribution des richesses dans l’intérêt du plus grand nombre. Ensemble à Gauche s’engage donc à combattre ce projet de budget et les politiques néolibérales qui l’inspirent aux côtés des usagers·ères et des travailleurs·euses. La mobilisation sera indispensable pour mettre en échec ces politiques antisociales.

Jean Burgermeister