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À lire : Parcourir l'histoire avec Karol Modzelewksi

L’autobiographie de Karol Modzelewski, dont la traduction vient de paraître, revient sur l’enfance de l’historien marxiste révolutionnaire, sa critique du communisme en place et ses nombreux engagements.

Face à la situation politique actuelle en Pologne, il est difficile d’imaginer que de forts mouvements revendicatifs ont un jour existé et qu’une vague de grèves ouvrières a abouti à la création du premier syndicat indépendant, en pleine guerre froide et avec la division Est-Ouest. Dans la traduction française de ses mémoires, intitulée Nous avons fait galoper l’histoire. Confession d’un cavalier usé, Karol Modzelewski revient sur cette période et voyage dans l’histoire récente, faite d’espoirs et de contradictions.

Modzelewski fait partie d’une génération convaincue par les idéaux du communisme, qui pensait que le gouvernement stalinien était intolérable et devait être renversé depuis l’intérieur. Avec Jacek Kuron, il rédige, en 1964, le manifeste « Lettre ouverte au Parti ouvrier polonais », qui critique le régime et propose un programme favorable à un socialisme démocratique, pluraliste et libre. Tous deux seront condamnés à trois ans de prison. En 1968, ils seront arrêtés une nouvelle fois et passeront encore plus de trois ans en prison.

À la suite des grèves ouvrières sur les chantiers navals de la Baltique en août 1980, les comités de grève se réunissent dans une organisation nationale, le syndicat Solidarnosc. Karol était à l’initiative de cette orientation unitaire et à l’origine du nom du mouvement, dont la figure de proue était l’électricien Lech Walesa. Une vague de contestation va déferler sur toute la Pologne et Solidarnosc comptera plus de neuf millions d’adhérent·e·s.

Le gouvernement réagira 18 mois plus tard par l’état d’urgence militaire, détruisant l’organisation et arrêtant les militant·e·s. Cet écrasement va signifier la fin de l’espoir d’une alternative socialiste à la dictature stalinienne. L’opposition libérale et l’Église catholique vont désormais diriger la résistance et s’affirmer comme la seule alternative crédible.

José Sanchez