Grandes manoeuvres sur la CPEG

Le 14 décembre, le Grand Conseil a adopté deux lois contradictoires, résultat des manœuvres du Conseil d’État et de l’indécision des Verts. Comment sortir de cet imbroglio?


Manifestation du personnel de l’État, Genève, automne 2015 – Demir Sönmez

Depuis 2015, la Caisse de pension de l’État de Genève, la plus grosse caisse du Canton, est dans l’œil du cyclone. La droite veut la mettre au régime sec et la faire passer en primauté de cotisations, système moins favorable aux assuré·e·s. Les futur·e·s retraité·e·s ont déjà perdu 17% de leurs prestations depuis 2013. Comment stopper cette spirale descendante?

Situation de pat au parlement

Fin novembre, le Parti socialiste (PS), Ensemble à Gauche (EàG), les Verts et le MCG déposaient un projet de loi inspiré de l’initiative des syndicats de la fonction publique et de l’Asloca. Pour éviter des mesures structurelles douloureuses, la Caisse doit être impérativement recapitalisée. Ce projet de loi (12228) prévoit qu’elle reste en primauté de prestations (pensions en pourcentage du dernier salaire), que les conditions prévues au 1er janvier 2018 sont garanties, et que la recapitalisation nécessaire privilégie l’investissement dans le logement, une affectation plus sûre et de surcroît utile au reste de la population (d’où le soutien de l’Asloca).

Remisant dès lors le projet concocté par le précédent Conseil d’État, la nouvelle cheffe PLR du Département des finances, Nathalie Fontanet, s’est efforcée de chercher un accord avec le PS et les Verts pour tenter d’accoucher d’un « compromis ». Compromis qui irait bien sûr à 80% dans son sens et qui recyclerait sous un autre nom l’ancien projet du Conseil d’État, en particulier le passage en primauté de cotisations, l’augmentation de la part cotisée par le personnel et une nouvelle baisse de prestations, avec quelques améliorations importantes (12404). Si le PS a joué les ténors dans ces pourparlers, ce sont les Verts qui se sont pris au charme du «consensus», poussés en cela par leur conseiller d’État Antonio Hodgers.

Vers un printemps social

Pendant ce temps, Ensemble à Gauche ne cessait de répéter que les quatre groupes dépositaires du projet de loi 12228, meilleur en tous points pour les assuré·e·s et les locataires du canton, étaient majoritaires au Parlement. Ils devaient donc tenir leurs engagements préélectoraux de l’automne dernier, toujours soutenus par le MCG, compte tenu notamment des pressions sur lui des fonctionnaires de police, inquiets pour leur propre caisse de pension. Une session extraordinaire du Grand Conseil a donc été convoquée le 14 décembre pour trancher ce nœud gordien.

Suite au cafouillage des Verts, sur lequel nous ne reviendrons pas dans cet article, le bras de fer va se poursuivre au Parlement et dans la rue. Il est possible de sauver les prestations de la CPEG et de défendre son système des primautés de prestations en réunissant un large front des salarié·e·s et des retraité·e·s de la fonction publique, en particulier des femmes qui y travaillent, qui concentrent la majorité des bas salaires et des temps partiels, des locataires, etc.

On votera sans doute le 19 mai 2019, en même temps que sur la RFFA et peut-être sur la Loi sur les horaires d’ouverture des magasins. Trois grands enjeux sociaux en perspective!

Jean Batou