Vers la grève

Vers la grève : Norme pénale anti-homophobie - La lutte continue

La lutte continue

L’Union démocratique fédérale (UDF), connue pour ses attaques contre l’avortement ou le partenariat enregistré, a décidé de lancer un référendum contre la modification du Code pénal.

En décembre 2018, le Parlement a adopté une modification de l’article 261bis du Code pénal, qui visait à interdire les actes et propos homophobes au même titre que les actes et propos racistes. Une victoire en demi-teinte et au goût amer puisque seule l’orientation sexuelle a été retenue, les Chambres ayant renoncé à y inclure l’identité de genre. Dans un communiqué de presse commun, les associations faîtières nationales LGBTI ont dénoncé cette discrimination: «L’élargissement de la norme pénale aurait dû permettre une meilleure protection de l’ensemble de la communauté LGBTI+.» Rappelons que plus de 40 000 personnes trans* et des milliers de personnes intersexes sont encore victimes de discriminations au quotidien.

L’UDF, de son côté, a annoncé vouloir combattre la norme adoptée par un référendum au nom de la «liberté d’expression». Dans l’univers insondable de l’UDF, les propos homophobes ne sont pas des délits, mais des «opinions légitimes qui ne doivent pas être criminalisées». L’intervention ahurissante de la vice-présidente de l’UDF, Sylvie Ruffieux-Guignard, lors des informations sur Léman Bleu le 7 janvier 2019, démontre à elle seule la nécessité d’une telle loi: «Ça nous pose un problème déjà avec l’autre loi sur le racisme, il y a des termes qui sont un peu flous, par exemple l’honneur, la honte […]. On ne peut plus s’exprimer! On est dans un État de droit, on a le droit de s’exprimer […]. Et surtout l’homophobie, c’est flou comme terme.»

Sylvie Ruffieux-Guignard et l’UDF défendent leur «droit» à être ouvertement racistes et homophobes. Dans ses communiqués du 28 novembre 2018 et du 7 janvier 2019, l’UDF se dit «[car] très inquiète, cette loi de censure est une atteinte fondamentale à la liberté d’expression […], un paragraphe muselière […]. Doit-on interdire à l’avenir tous les groupes qui, basés sur l’Évangile, ne sont pas d’avis que l’homosexualité soit tout à fait normale? Où se trouve la protection contre la discrimination de cette minorité?» Inverser le coupable et la victime, il fallait oser!

Les actes de haine et les propos homophobes qui ont lieu dans la sphère publique seront dès aujourd’hui poursuivis d’office par les autorités, avec une peine de liberté maximale de trois ans. À n’en pas douter, d’autres partis aux affinités homophobes et transphobes appelleront à soutenir le référendum de l’UDF contre la norme pénale anti-homophobie.

Marjo Blanchet