Fribourg

Fribourg : Un canton où les grévistes du climat sont sanctionné·e·s

Avec le Valais, le canton de Fribourg fait partie des deux exceptions suisses romandes où les jeunes manquant les cours lors des manifestations de Grève pour le climat sont désavoué·e·s.


Les menaces de sanctions n’ont pas empéché près de 2000 étudiant·e·s, collégien·ne·s et apprenti·e·s de manifester – Séb. Mory

Dans les discours, le gouvernement fribourgeois ne s’oppose pas aux grèves du climat. D’ailleurs il semblerait qu’aujourd’hui, comme par enchantement, toutes les forces politiques se soient découvertes une sensibilité écologiste, aucune n’affichant son opposition face à ces revendications. Cependant, quand on en vient aux faits, les décisions du gouvernement fribourgeois prennent une tout autre tournure: une tolérance zéro vis-à-vis des participant·e·s à la grève. Le président des recteurs des collèges fribourgeois, Claude Vauthey, mentionnait très clairement durant le téléjournal (19 : 30) du mardi 12 mars 2019 que «les absences pour raison de grève du climat seront considérées comme injustifiées. […] la note 1 serait mise à l’élève qui aurait manqué un examen.» C’est sans appel.

En Valais Christophe Darbellay déclarait qu’«il y a suffisamment de temps en dehors de l’école pour s’adonner à des activités citoyennes telle que la lutte pour le climat». Penser à faire grève est donc interdit.

«Ne risquez pas votre avenir»

En plus de ces mesures, il semblerait qu’on mette la pression sur certains parents d’élèves dans les écoles du canton. En cas de participation aux grèves, on les rend discrètement attentif·ve·s aux potentielles difficultés d’accès à de futures places d’apprentissage ou, de manière plus concrète, on mentionne des retenues, des amendes ou encore des suspensions des cours à durée indéterminée. Ces intimidations sont inacceptables et scandaleuses. Ont-elles réduit le nombre de manifestant·e·s lors de la dernière grève du 15 mars dernier? Difficile à dire, mais ces éléments en ont surement dissuadé certain·e·s.

Double jeu

La réaction des autorités cantonales démontre deux choses: premièrement, le mouvement de grève menace un équilibre et pose des questions dont on veut bien entendre parler, en théorie, mais pas en pratique. Deuxièmement, il faut dénoncer les contradictions entre les discours qui prétendent soutenir les revendications écologistes et les décisions politiques qui s’attaquent à la Grève pour le climat.

Les étudiant·e·s fribourgeois·e·s sont impatient·e·s de connaître l’issues des discussions du 8 avril prévues avec le Conseil d’État, même si elles·ils n’en sont pas dupes.

Maxence Kolly