RFFA

RFFA : Les leçons d'une valse en trois temps

En décembre, à la commission fiscale du Grand Conseil genevois, les député·e·s socialistes votaient un deal pourri consistant à soutenir la RFFA cantonale.


La fronde des jeunes socialistes lors de l’assemblé du PS Genevois.

Ceci en contradiction avec leur soutien au référendum national anti-RFFA et en torpillant deux initiatives de la gauche et des syndicats («Zér0 Pertes» pour une réforme de l’imposition des bénéfices fiscalement neutre et l’IN 170 pour un plafonnement des primes maladie à 10% du revenu). Ceci dans le cadre d’une copie au rabais du deal fédéral.

L’AG du PS genevois de mi-janvier confirmait ce soutien à un accord douteux avec le PLR et officiellement (malgré nombre d’abstentions) un noyau social-libéral de député·e·s PS suivaient docilement le PLR en plénum du parlement sur la question.

Rebondissement bienvenu

Mais ce n’était pas terminé. Le PSG a resoumis son adhésion au deal en AG pour définir ses consignes de vote du 19 mai, pour savoir s’il en restait au non à la RFFA fédérale couplé au oui à sa déclinaison cantonale, équilibre instable. Assumerait-il, dans le sillage de ses représentant·e·s au Conseil d’État, son rôle de roue de secours de l’Entente bourgeoise? Le comité directeur du PS préavisait négativement et la comédie s’est dénouée à mi-mars lors d’une AG où le non l’a emporté par 89 voix contre 72, inversant le oui précédent à 52 contre 36.

Un théâtre-guignol teinté de surréalisme, mais qui montre que le PS ne peut s’installer confortablement dans un rôle de force d’appoint à la droite, que si à sa gauche la place est insuffisamment occupée. Or, avec au parlement genevois un groupe Ensemble à Gauche solide, duquel solidaritéS est la colonne vertébrale, les écarts à droite du PS se payent cash en termes de crédit perdu au profit d’EàG. Imaginons que la droite du PS ait gagné, combien de socialistes auraient déserté le parti à la veille des Nationales?

À signaler au passage que l’UDC aussi, qui avait voté la RFFA cantonale genevoise au parlement, a lâché l’affaire suite à une AG où… Jean Batou d’EàG (pour le non) était opposé à une élue PLR, directrice du département politique de la Chambre de commerce et d’Industrie (pour le oui). Cette dernière n’a pas su convaincre… alors même que l’UDC genevoise votait pour la RFFA fédérale, en anticipant les décisions du parti national où le bras de fer entre le oui d’élu·e·s au diapason des associations patronales et le non prôné par la direction du parti n’est pas encore décidé, comme le relevait la Sonntagszeitung du 17 mars.

Pierre Vanek


Faire illusion… en attendant le vote sur RFFA et les élections

Au printemps dernier, Christian Levrat, président du PSS, déclarait: «Pour le PS, la question de l’élévation de l’âge de la retraite des femmes est liquidée. Rendez-vous compte, cette élévation aurait rapporté 1,3 milliard au fonds AVS. Avec notre compromis, ce sont 2 milliards qui ont été trouvés.»

Ce prétendu «succès» aurait dû se traduire par le retrait du projet fédéral AVS 21, dont l’élévation de l’âge de la retraite des femmes est la principale mesure. Il n’en a pourtant rien été. La droite a obtenu, grosso modo, ce que le peuple lui avait refusé lors du vote sur RIE 3. Le PSS a obtenu un bref report de la réforme AVS 21, mise en consultation l’an dernier, consultation dont les résultats viennent de tomber et dont se félicite Berset.

Le Conseil fédéral reviendra devant le parlement au lendemain du vote sur RFFA et des élections fédérales de cet automne. Comme l’écrit Le Temps du 18 mars: «C’est le nouveau parlement issu des élections fédérales de cet automne qui s’emparera de cette problématique. Il ne fait guère de doute qu’il se trouvera une majorité pour élever l’âge de la retraite des femmes.» SP


Nyon: l’austérité au bout du chemin

Si à Genève l’union sacrée pro-RFFA s’effondre, le contre-exemple du canton de Vaud est édifiant. L’amour tendre entre PSV et PLR y ayant accouché d’un accord fiscal anticipant la RFFA, à l’enseigne de la RIE 3 déjà… les effets que nous avions annoncés sont maintenant au rendez-vous.

La Ville de Nyon le montre dans un exercice mécanique impeccable: la RIE 3/RFFA vide les caisses des municipalités dont Nyon et pour s’en sortir les autorités proposent d’augmenter l’impôt communal de 61 à 65% de l’impôt cantonal, les 6 millions de recettes attendues étant indispensables pour maintenir les prestations…

La droite crie aux économies indispensables, lance un référendum «imperdable» et le gagne… en effet, comme le dit le syndic: «On peut comprendre la population qui refuse de payer plus d’impôts pour que les entreprises en paient moins…» (en effet!) et la boucle est ainsi bouclée. Pour reprendre les termes du Chef de groupe UDC au conseil communal de la Ville: «La politique de rigueur a commencé». DD