Italie

Italie : Salvini ferme un centre pour mieux démanteler l'asile

En Sicile, à Mineo, un centre pour migrant·e·s a fermé ses portes le 9 juillet. Ce camp a parfois logé plus de 4100 personnes dans des conditions inacceptables. Mais cette fermeture s’inscrit avant tout dans une politique de durcissement de l’asile.

Manifestation devant le centre de Mineo, Sicile, 2018

Manifestation devant le centre en 2018

Le centre d’accueil pour requérant·e·s d’asile (CARA) de Mineo a vu le jour en 2011 sur une ancienne base militaire, regroupant un complexe de 403 maisons. La dernière phase d’évacuation de l’ex-plus grand centre d’Europe a débuté en décembre et s’est achevée début juillet.

En 2018, CARA accueillait encore entre 2000 et 4000 résident·e·s, dans des conditions de vie inhumaines. Isolé·e·s de tout, les exilé·e·s vivaient avec un accès aux soins insuffisant, subissant chaque jour des files d’attente. Réduit·e·s à user de trafics pour survivre, ils et elles étaient confronté·e·s au désespoir d’attendre une réponse administrative à leur situation. À plusieurs reprises, tant l’infiltration de la mafia que les violences subies par les femmes ont été dénoncées.

De nombreux·euses migrant·e·s ont aussi été exploité·e·s pour la récolte d’oranges. Les salaires journaliers allaient de 10 à 20 euros par jour, bien en dessous de ce que gagnent les travailleur·euse·s journalier·ère·s italien·ne·s, au grand bénéfice des patrons.

Une fermeture pensée contre les migrant·e·s

Le jour de la fermeture de CARA, Salvini est venu triomphalement réclamer ses lauriers et a rappelé son objectif: fermer les grands centres d’accueil en Italie, au prétexte qu’ils coûtent trop cher.

Certes, ce centre démesuré était un problème, mais le fermer ainsi n’a en rien été bénéfique pour les exilé·e·s. En effet, les autorités ont soit laissé les migrant·e·s se débrouiller par eux·elles-mêmes, hors de toute structure, soit transféré ces dernier·ère·s dans une autre mégastructure en Calabre où les conditions sont similaires, voire pires.

Dans la droite ligne du démantèlement brutal de la jungle de Calais, cette fermeture n’a pas été pensée pour les migrant·e·s, mais contre eux·elles. Ce qui ne nous étonnera pas de la part d’un ministre de l’Intérieur qui empêche régulièrement des bateaux de secours d’accoster sur ses côtes.

Aude Martenot